Au cœur de l’entourage des ducs de Bretagne, Thibaud de Derval (vers 1280 - vers 1330), vicomte de Donges, seigneur de Rochefort
Samedi 6 mars 2010, par
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Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, t. LXXXVII, 2009, p. 5-47.Citer cet article
Frédéric Morvan, Au cœur de l’entourage des ducs de Bretagne, Thibaud de Derval (vers 1280 - vers 1330), vicomte de Donges, seigneur de Rochefort, 2010, en ligne sur Tudchentil.org, consulté le 8 octobre 2024,www.tudchentil.org/spip.php?article716.
Lors de ma soutenance de thèse, dont le sujet portait sur les hommes d’armes du duché de Bretagne de 1213 à 1381, certains membres du jury m’ont suggéré d’analyser le parcours de certains lignages de l’aristocratie militaire du duché ou mieux encore d’individus dont la vie et la carrière furent déterminantes non seulement pour la Bretagne, et pour le royaume de France, mais encore pour toute la Chrétienté occidentale.
Dans de précédentes interventions, j’ai ainsi évoqué le lignage des Avaugour, seigneurs de Goëlo et de Dinan, ceux des seigneurs de Clisson, de Fougères ou celui de la branche cadette de la maison de Léon [1]. Plus récemment, j’ai entrepris d’analyser la vie d’Alain VI, vicomte de Rohan, dans le but, bien sûr, de comprendre les origines de l’essor de la plus prestigieuse dynastie bretonne [2], mais surtout de déterminer le devenir des vicomtés bretonnes au XIIIe siècle, à l’instar du regretté Hubert Guillotel qui avait consacré une partie de ses travaux à retracer le parcours [p. 6] de celles-ci du Xe au XIIe siècle [3]. Alain VI était le descendant des vicomtes de Rennes et depuis la disparition d’Eudes III, son grand père maternel, l’héritier de la maison de Porhoët. Thibaud de Derval, seigneur d’Assérac, puis de Rochefort et de Châteauneuf-d’Ille-et-Vilaine, vicomte de Donges, était, quant à lui, l’héritier des vicomtes de Nantes. C’est à travers lui qu’il sera possible d’entrevoir ce qu’il restait de l’influence de ces vicomtes, c’est-à-dire l’état de la puissance des vicomtes de Donges, au XIIIe et au début du XIVe siècle. Il sera alors possible de comprendre comment un des plus importants seigneurs du duché appréhendait non seulement le renforcement de l’autorité des ducs de Bretagne de la maison de Dreux (de Jean Ier à Jean III, soit de 1237 à 1341), mais encore les relations particulièrement complexes existantes entre l’aristocratie militaire bretonne, les ducs de Bretagne et les rois de France.
Thibaud de Derval est au cœur de ces relations. Pourquoi ? Comment ? Ce vicomte de Donges est un cas un peu atypique au sein de la haute aristocratie militaire bretonne car il fut un des rares grands seigneurs du duché à se trouver dans l’entourage immédiat des ducs de Bretagne. J’aimerais donc dans un premier temps, de manière quelque peu classique lorsqu’il s’agit d’évoquer la vie d’un important seigneur au Moyen-Age, analyser les origines de cette proximité, c’est-à-dire son appartenance à un véritable réseau d’influence ; puis dans un second temps, tenter de le voir évoluer au service du duc et de sa famille et ainsi comprendre les raisons qui le firent s’éloigner du règne du duc Jean III (1312-1341).
Un riche héritier, membre d’un puissant réseau d’influence.
Il faut, comme toujours dans l’étude de personnages de l’époque médiévale, se reporter à la généalogie [4], et donc aux origines familiales, afin de comprendre d’où était issu Thibaud de Derval. [p. 7]
Par son père, il n’était ni un Rochefort ni un Donges en ligne directe [5]. Ses origines ne plongent donc pas au cœur d’une des plus anciennes et plus prestigieuses familles seigneuriales du sud de la Bretagne. En fait, il était un Derval [6], et donc provenait, somme toute, d’un lignage secondaire ne relevant pas directement du duc de Bretagne. La seigneurie de Derval dépendait en effet des seigneurs de Châteaubriant. Ce fut la faveur des ducs de Bretagne de la maison de Dreux qui éleva les Derval aux plus hauts niveaux de l’aristocratie bretonne. Pendant plus d’un siècle, ils reçurent de ces princes de nombreuses marques de faveur et surtout les mains de très riches héritières. L’arrière-grand-père de Thibaud, Guillaume, seigneur de Derval, eut la possibilité d’épouser en secondes noces, Anne, sœur et héritière du dernier seigneur de Rochefort. Le grand père de Thibaud, Thibaud de Rochefort eut le droit de se marier avec Aliénor de Donges, fille et héritière de Rouaud, vicomte de Donges. Son oncle, Main ou Méen de Derval, s’allia à une des plus riches héritières du comté nantais, à savoir Marguerite ou Marquise de La Guerche (qui épousa par la suite Alain de Lavau, puis Hugues de La Muce, noms qu’il faut retenir), parent et héritière sans doute de Simon de La Guerche qui avait des biens dans la paroisse de Pornic [7].
Thibaud appartenait, en outre, à une famille qui avait constitué un véritable réseau autour de leur protecteur, le duc Jean Ier le Roux (1237-1286), duc boudé, comme son père, Pierre de Dreux, dit Mauclerc (baillistre de Bretagne de 1213 à 1237), par la plupart des membres de la haute aristocratie bretonne. Le pivot de ce réseau paraît avoir été cette famille constituée de deux branches, celle de Derval-Rougé [8] et celle de Donges-Rochefort. Deux actes, conservés aux archives, révèlent qu’ils agissaient de concert. Le premier document, en date de 1234, cite, dans une affaire opposant le prieur de Donges aux Juifs de Nantes, les témoins de l’accord que furent Guillaume de Derval, Bonabes de Rougé et Main de [p. 8] Derval [9]. Ces trois personnages étaient membres de la branche Derval-Rougé et, par ailleurs étroitement apparenté : Guillaume de Derval fut seigneur de Derval, et maria sa fille unique, Agnès, au fils de Bonabes de Rougé, qui devint seigneur de Rougé, tandis que Main était le frère cadet de Guillaume. Le second acte, plus ancien de dix ans, mentionne le lien existant entre les Derval-Rougé et les Derval-Rochefort : Guillaume de Derval scella l’acte de son demi-frère, Thibaud, seigneur de Rochefort, dans lequel ce dernier donnait 50 sous de rente à l’abbaye de La Meilleraye [10]. En effet, leur père se maria deux fois : la première fois avec une inconnue dont il eut Guillaume et Main de Derval ; la seconde fois avec la dame de Rochefort dont il eut Thibaud de Derval, seigneur de Rochefort, et Bonabes de Derval-Rochefort.
La présence des Derval auprès du duc Jean Ier est attesté de même par plusieurs pièces d’archives. En 1241, lorsque Jean Ier régla la plus importante affaire de succession du duché, celle de la vicomté de Porhoët, Main de Derval fut désigné afin d’estimer la part de chaque héritier. Le but inavoué du duc était de faire éclater cette terre pour le plus grand profit de son oncle maternel, Pierre de Chemillé, époux d’Aliénor de Porhoët, seconde fille d’Eudes III de Porhoët, et cela aux dépens de Raoul III de Fougères, fils et seul héritier de la première fille de ce même Eudes [11]. Pour le duc, Raoul était déjà trop puissant. Pendant la guerre civile de 1230-1235, il avait ouvert son château de Fougères aux troupes du roi de France venues réprimer la révolte de Pierre de Dreux, alors régent du duché [12]. Main de Derval n’était pas seul à enquêter. Fut nommé aussi, à ses côtés, un proche du duc, un ami très certainement de Main de Derval, Bonabes de Rougé, que nous retrouvons une nouvelle fois. [p. 9]
De plus, les liens entre les Derval et les Rougé sont attestés par un document très important de l’histoire de France : l’ost de Foix. En 1272, selon dom Lobineau, Olivier de Rougé aurait assisté à l’ost de Foix, et cela avec Bonabes de Derval et Galéran de Châteaugiron, mais hélas, il n’en a pas fourni la preuve [13]. Ces trois hommes auraient donc accompagné le duc Jean Ier qui devait conduire un contingent d’hommes d’armes à l’ost royal. Cette armée fut convoquée pour réprimer le comte de Foix, en révolte contre le roi. Le comte de Foix avait en effet refusé de prêter hommage au nouveau roi, Philippe III le Hardi, et avait fait exécuter plusieurs officiers royaux. L’ost fut formé à Tours le 8 mai. En juin, après une rapide expédition, le comte de Foix se rendit et fut emprisonné [14]. En fait, le rôle d’armes dit de « l’ost de 1272 » ne mentionne, en ce qui concerne la Bretagne, seulement que « le duc de Bretaigne amena LX chevaliers, desquieux en avoit XVI bannerets » [15]. Le duc n’aurait donc eu avec lui qu’un faible contingent militaire, 16 bannières et de 60 chevaliers. Il est évident que le duc ne fut pas suivi par toutes les forces militaires de son duché et vint avec le nombre précis d’hommes d’armes qu’il devait au roi de France selon un accord vassalique dont les termes ne nous sont pas connus. Il est très vraisemblable qu’il recruta uniquement les hommes qui lui étaient le plus proches, issus de son Hôtel. Quels furent les liens de ces hommes avec notre Thibaud ? Olivier de Rougé est Olivier III, seigneur de Rougé, époux de la dame de Derval, cousine germaine du père de Thibaud. Bonabes de Derval est l’oncle ou le grand-oncle de Thibaud. Les liens de Galeran II de Châteaugiron avec eux ne sont guère difficiles à trouver. En effet, un acte de 1293 révèle que, devant la Cour ducale, à Nantes, Jacques de Morlay, alors maître de la maison du Temple d’Outre Mer, avant devenir grand maître des Templiers, avec l’accord du maître d’Aquitaine, loua à Galéran de Châteaugiron l’hébergement du Teillay, dans la paroisse de Celier, pour dix livres de rente annuelle de la monnaie courante de Nantes [16]. Il faut savoir que la terre du Teillay se situait non loin du fief de [p. 10] Rougé. Surtout, nous connaissons le nom de l’épouse de Galéran, une riche héritière du pays nantais. Il s’agit d’Amicie, fille et héritière de Geoffroy de Beaumortier, seigneur d’Oudon, et de Béatrix de Vritz [17]. Les Beaumortier étaient liés aux Derval. Dans un autre acte, il est possible de voir un Beaumortier, Hervé, sans doute le grand père d’Amicie, agir de concert avec un Derval. Lorsque le régent du duché, Guy de Thouars, donna en 1213, à Nantes, à sa seconde fille, Catherine, en dot, la forêt de Rennes, il fut cité en tant que témoin, et cela avec Guillaume de Derval [18]. Les Beaumortier furent non seulement dans l’entourage de Guy de Thouars, mais aussi de son successeur, Pierre de Dreux. Hervé fut mentionné en tant que son chevalier lorsqu’en mai 1221, Terric de Galard, sénéchal de Poitou, sur ordre du roi Philippe Auguste de France, enquêta, à Nantes, auprès des chevaliers, bourgeois et serviteurs du Pierre Ier (qui était en fait le bailliste, soit le régent, du duché), duc de Bretagne sur les droits de ce dernier sur le sel [19]. Il est vraisemblable que ce fut par l’intermédiaire des Beaumortier que les Châteaugiron parvinrent à intégrer l’entourage ducal. Ainsi, les Châteaugiron ne firent que suivre leurs traces : en 1298, Galéran est cité en tant que témoin dans un acte d’une extrême importance puisqu’il s’agit de la renonciation par Rolland de Dinan-Montafilant de la vicomté de Léon au profit du duc de Bretagne [20]. Les Châteaugiron furent récompensés comme ils le méritaient. Si Galéran, sans doute seulement seigneur d’Amanlis, épousa l’héritière des Beaumortier, il semblerait que son fils aîné ait réuni les deux branches de sa famille en épousant la dame de Châteaugion, tandis que son second fils devint évêque de Rennes et fut si proche du duc Jean II qu’il fut nommé son exécuteur testamentaire en 1305.
Un autre document, essentiel aussi pour l’histoire de la Bretagne, permet d’identifier d’autres membres de ce réseau, et par la même l’entourage des ducs de Bretagne. Le 11 janvier 1276, Jean Ier, accorda à ses vassaux [p. 11] directs et indirects de son duché, pour toutes les affaires de succession, le changement de bail en droit de rachat. Certains acceptèrent, d’autres refusèrent. Il semblerait que l’administration ducale reçut les accords par groupe. On dispose donc de plusieurs actes. Ainsi, les proches du duc, les Derval-Rougé et leurs alliés, furent cités dans le tout premier document [21]. On y trouve bien sûr Guillaume, seigneur de Rochefort, vicomte de Donges, père de Thibaud, Olivier de Rougé, chevalier, époux de la dame de Derval, Bonabes de Derval, oncle de Thibaud, mais encore Girard Chabot de Retz, Olivier de Dreux-Machecoul, Eudes de La Roche-Bernard, Paien de Malestroit, Brient Le Bœuf, Geoffroy de Sion, Olivier de Clisson, et nous retrouvons Galeran de Châteaugiron.
Nous avons déjà vu le cas de Galeran de Châteaugiron. Girard Chabot de Retz était un parent de Guillaume de Rochefort. En effet, il est mentionné qu’en 1272, Guillaume de Rochefort, chevalier, vicomte de Donges, était l’héritier de Tiphaine de Rais, une parente de Girard, et en conséquence, ratifia en faveur de l’abbaye de Buzay la donation de six quartiers de pré, et comme le produit était insuffisant, il y ajouta pour satisfaire les religieux une rente de 63 sous et 6 deniers [22].
Pour ce qui est d’Olivier de Clisson, un acte de 1278 révèle que Guillaume de Rochefort était en relation à la fois avec Girard Chabot et avec Olivier de Clisson, tous deux seigneurs du Sud de la Loire [23], car ces deux derniers reconnurent qu’il avait passé un accord avec Durand, évêque de Nantes, par lequel le prélat levait la sentence d’excommunication fulminée par son prédécesseur, G., évêque de Nantes, contre eux deux et le vicomte de Donges, prédécesseur de Guillaume. Ce dernier ainsi qu’Olivier de Clisson et Girard Chabot devaient payer une forte amende de cent marcs [24].
Eudes de La Roche-Bernard, quant à lui, était lié aussi aux Rochefort. Le 17 octobre 1276, alors qu’il est cité en tant que valet, c’est-à-dire trop jeune pour être adoubé, il passa un accord avec Rivallon, abbé de Prières, à propos des dommages perpétrés par les soldats des seigneurs de Malestroit et de Rochefort qui avaient brisé les barques de l’abbaye au passage de Guidas. Ils s’accordèrent également au sujet des malfaiteurs qui agissaient dans la paroisse de La Roche-Bernard et sur les rives de la Vilaine et choisissent comme un arbitre, Rivallon du Temple, sénéchal ducal de Nantes et [p. 12] de Guérande [25]. L’acte mentionne ainsi que le seigneur de Rochefort avait agit de concert avec son voisin, le seigneur de Malestroit et de Largoët.
Nous ne connaissons que très peu de choses sur les Malestroit à cette époque [26]. Nous savons que les Malestroit étaient très liés aux Châteaugiron, puisque une Malestroit épousa Hervé de Châteaugiron et permit ainsi, à brève échéance, la fusion de leurs biens [27]. En 1276, Guillaume de Rochefort et le seigneur de Malestroit commirent donc ensemble des dégâts envers l’abbaye de Prières. C’est peut-être pour les réparer ou encore afin d’étoffer le patrimoine de l’abbaye de Prières, particulièrement favorisée par le duc Jean II, qu’en 1278, Paien de Malestroit, frère cadet du seigneur de Malestroit, vendit à Guillaume, prévôt de Lesaler, chevalier, son domaine de Brangoruc, qui le donna ensuite aux moines de Prières, tandis que Bonabes de Rochefort, chevalier, oncle de Thibaud, donna à la même abbaye les domaines de Querenros et d’Avallac, dans la paroisse de Saint-Paul de Muzillac, tout près du château ducal de Suscinio [28].
Prenons maintenant les cas de Geoffroy d’Ancenis, de Geoffroy de Sion et de Brient Le Bœuf. Geoffroy d’Ancenis, peut-être le cinquième du nom, était lui aussi un proche des Derval-Rougé [29]. Son ancêtre, Geoffroy II, assura, en 1209, la garde de la terre du vicomte Rouaud de Donges pendant son pèlerinage [30]. Il est possible que la présence dans ce groupe d’Olivier de Machecoul, fils de Pierre Mauclerc, et donc demi-frère de Jean Ier, s’explique aussi par sa possible parenté avec les Ancenis. Il semblerait que la mère d’Olivier, une certaine Nicole, fut une Varades, tandis que Geoffroy II d’Ancenis épousa l’héritière des Varades [31], et que leur fils cadet, Brient de Varades, se maria avec une Souché, tante de l’épouse d’Olivier de Machecoul, fille de Jean de Souché ou de Coché et de Pétronille de Clisson, dame de La Bénaste. Il faut mentionner qu’Olivier [p. 13] fut très proche de son demi-frère et reçut quelques 3 700 livres pour sa participation à la Croisade de Tunis en 1270. Il fut aussi récompensé par deux superbes mariages, la première fois donc avec la dame de La Bénaste ; et la seconde fois avec Eustachie de Vitré, fille d’André III et dame de Huguetières grâce à la mort de son frère, André IV, dernier seigneur de Vitré de la maison de Vitré.
Le cas de Brient Le Bœuf est aussi très intéressant [32]. Les généalogistes mentionnent qu’une certaine Béatrix de Rougé, tante d’Olivier II de Rougé, se maria avec un Brient Le Bœuf. En outre, un acte de mai 1290 révèle que Brient Le Bœuf et Olivier de Rougé scellèrent ensemble l’accord, fait devant Durand, évêque de Nantes, entre l’abbaye de La Meilleraie et les hommes du seigneur de Châteaubriant [33]. Les Le Bœuf et Les Rougé étaient donc alliés et parents. Par ailleurs, ces deux lignages étaient vassaux du seigneur de Châteaubriant. Un document très important donne d’autres détails sur la parenté des Le Bœuf. Dans l’enquête de 1341 entre les deux compétiteurs au trône de Bretagne, Charles de Blois (pour Jeanne de Penthièvre, son épouse) et Jean de Montfort, Georges Chesnel, écuyer, maître Thibaud Glessin et maître Jean Bigot citèrent l’exemple de Briand le Boeuf, chevalier, qui avait eu deux fils, Olivier et Barnabé et deux filles. L’aînée épousa le seigneur de Rieux et la cadette, le seigneur de Montfort. Olivier mourut sans enfant. Barnabé n’eut qu’une fille, Yvonne, mariée à Geoffroy d’Ancenis, chevalier qui mourut sans enfant. Ainsi, Les Bœuf furent étroitement liés aux Ancenis, qui furent un temps leurs héritiers [34]. La fortune des Le Bœuf revint, au début du XIVe siècle, alors aux Rieux et aux Montfort que l’on retrouve dans l’entourage des ducs et des Derval-Rougé.
Enfin, les relations entre les Derval-Rougé et Geoffroy de Sion [35] étaient tout aussi étroites car ils étaient voisins. En 1294, selon le Livre des Ostz [36], le seigneur de Rougé disposait d’une terre d’« Outre-Loire », c’est-[p. 14]à-dire au Sud de la Loire, dans la baillie de Nantes, relevant directement du duc, pour lequel il lui devait une redevance pécuniaire de dix sous pour chaque mesure de terre. Ce fief est très certainement la seigneurie de Jasson dans la paroisse de Port-Saint-Père, sur la route entre Bourgneuf et Nantes, et donc sur la rive gauche de la Loire. La seigneurie de Jasson avait une dépendance dans la paroisse de Pellerin. Marguerite de Rougé, lorsqu’elle épousa en 1339 Olivier Tournemine, seigneur de La Hunaudaye dans le Penthièvre, reçut la seigneurie de Jasson et « tout ce qu’ils avoient au delà de la Loire du costé du Pellerin » [37]. Cette mention de la paroisse de Pellerin permet de comprendre les origines de ce fief. Les seigneurs du Pellerin étaient très certainement parents des vicomtes de Donges, et descendaient sans doute comme eux des vicomtes de Nantes. En 1165, le duc Conan III brisa la puissance des vicomtes de Donges et annexa à son Domaine leurs biens dans la paroisse de Saint-Père-en-Retz, mais aussi la seigneurie du Pellerin, appartenant au parent et allié du vicomte de Donges, Renaud de Pellerin. Dans cette mention de Marguerie de Rougé, force est de remarquer que nous sommes en face de nouveaux liens entre les Rougé et les Derval, héritiers des Donges. On peut se demander comment les Rougé obtinrent ce fief de Jasson. Est-il possible que les relations entre les Rougé et les Derval aient été très anciens et aient remontés à des liens de vassalités entre les Rougé et les Donges ?
Il est nécessaire de revenir aux Sion, le Livre des Ostz, établi en 1294, nous révèle qu’ils avaient deux terres relevant du duc au Sud de La Loire. Geoffroy de Sion, cité en 1276, possédait donc, en 1294, une terre dans cette paroisse de Saint-Père-en-Retz pour laquelle il devait un quart de chevalier d’ost, tandis que le seigneur de Sion avait la seigneurie de Frossay. Des liens de voisinage ou même de vassalité ont pu aussi existés entre les Derval-Donges-Rougé et les Sion. Il est troublant de lire, dans ce Livre des Ostz, à l’aveu qui suit immédiatement celui de Geoffroy de Sion, celui Jamet de La Muce, fils de Marguerite de La Guerche et donc beau-fils de Main de Derval. Jamet de La Muce devait un quart de chevalier d’ost au duc pour ce qu’il possédait dans les la paroisse de Saint-Viaud et de Pornic, non loin de Saint-Père-en-Retz. Nous savons que les Sion et La Muce avaient en commun une terre, Le Bois-Rouaud. Le domaine de La Muce-Saint-Viaud prend ce nom au XVe siècle. Il est vraisemblable que ces deux personnages, Geoffroy de Sion et Jamet de La Muce, ou leurs ancêtres, se soient partagés un devoir militaire d’un demi-chevalier d’ost. Il est possible que la seconde moitié, et cela afin d’atteindre un chevalier complet, devait venir à la fois du seigneur de Rougé et de celui de Sion, qui tous les deux devaient au duc des obligations financières pour des fiefs [p. 15] voisins. Est-il possible d’imaginer que la terre de Jasson appartenant au seigneur de Rougé, que la terre de Frossay tenue par le seigneur de Sion, que la terre de Saint-Père-en-Retz possédée par Geoffroy de Sion, et enfin que la terre de Jamet de La Muce, ne formaient à l’origine qu’un seul et unique fief ? Est-il possible que ce fief ait appartenu au vicomte de Donges ou à son parent et allié, le seigneur du Pellerin ? En effet, il faut constater qu’une des deux annexes du fief de Frossay se nommait aussi Bois-Rouaud et s’étendait dans les paroisses de Saint-Père-en-Retz et de Frossay (l’autre partie était Langle en Saint-Opportune et en Saint-Père-en-Retz). Ce nom rappelle encore une fois immanquablement Rouaud, le premier vicomte de Donges attesté en 1150 [38] dont descendirent, semble-t-il, les seigneurs de Sion [39]. Toutes ces informations donnent l’impression que tout tournait autour des vicomtes de Donges, qui même s’ils perdirent leurs fiefs du sud de la Loire, restèrent en contact avec des parents et d’anciens voisins, qui de leur côté n’avaient rien perdu.
Pour résumer, les ducs de Bretagne, Jean Ier et Jean II et leurs familles, s’entourèrent d’un réseau bien soudé, composé de seigneurs plus ou moins importants du sud-est du duché, principalement des évêchés de Vannes et de Nantes, c’est-à-dire là où se situaient la plus grande partie du Domaine ducal et les principales résidences des ducs (Suscinio, Gavre et surtout Nantes). Parmi eux, on pouvait trouver bien sûr les membres des lignages de Derval et de Rougé, mais encore des Ancenis, des Châteaubriand, des Coesmes, les Chabot de Retz, les Belleville, les La Jaille, les Sion, les La Muce, les La Roche-Bernard, Les Malestroit et les Châteaugiron, noms qu’il faut retenir car ils eurent une grande importance pour la carrière de Thibaud de Derval. En obtenant leur collaboration, le duc parvenait non seulement à contrôler parfaitement cette partie du duché, ce qui n’était pas le cas dans le Nord de la péninsule où l’influence des Avaugour restait prépondérante, mais encore à avoir un droit de regard sur les régions voisines de sa principauté. En effet, les Châteaubriand avaient des terres et des châteaux importants en Anjou ; les Belleville étaient possessionné dans le Poitou jusqu’à La Rochelle ; Girard Chabot était lui aussi un grand seigneur poitevin. Bientôt les Rougé-Derval et les Derval-Rochefort allaient s’installer aussi en Anjou tandis que les Ancenis allaient acquérir Esnandes, au nord de La Rochelle.
Il paraît maintenant évident que tous ces hommes entretenaient des liens féodaux, de voisinages, de parentés et sans doute d’amitiés, forts anciens et complexes. Ils se mariaient qu’entre eux et se partageaient des héritages considérables à partir du milieu du XIIIe siècle. Pour l’heure, ils provenaient de lignages alors très peu connus. Souvent, c’est à partir d’eux que les généalogistes parviennent à reconstituer de manière cohérente leur lignage. Il est très vraisemblable que l’appui des ducs de [p. 19] Bretagne, alors riches en terres, en hommes, en argent et en forteresses, leur permit de sortir de l’ombre. En contrepartie, ils formaient des appuis, semble-t-il, indéfectibles.
Cependant, le père de Thibaud, Guillaume de Derval, vicomte de Donges et seigneur de Rochefort, ne paraît pas avoir joué la première place dans ce réseau. Y avait-il même une sorte de chef au sein de ce groupe à l’époque où vivait Guillaume ? S’il a existé, les actes ne permettent pas de le distinguer. S’il faut en trouver un, le nom qui revient le plus souvent est celui d’Olivier III, seigneur de Rougé, qui est souvent mentionné auprès des princes de Bretagne. Guillaume, quant à lui, semble être resté quelque peu à l’écart. Il est vrai que par rapport à d’autres membres de ce réseau, sauf à son beau-frère présumé, le seigneur de Châteaubriant, ses fiefs le placent au dessus des autres. Il était un grand seigneur, son mariage et ses actes le prouvent.
Est-il possible d’envisager qu’il ait existé des sous-groupes au sein de ce réseau dont les critères de recrutement étaient le niveau social et l’importance de la fortune ? Alors qu’Olivier de Rougé, Bonabes et Main de Derval, Yvon de La Jaille ou même les Coesmes appartenaient à une catégorie issue de l’aristocratie militaire intermédiaire, dont les principaux fiefs et forteresses ne relevaient pas directement du duc, Guillaume, comme ses probables parents, les seigneurs de La Guerche ou Geoffroy de Châteaubriand, appartenaient à la plus haute noblesse du duché, disposant d’un pouvoir politique, économique et militaire si imposant qu’il pouvait devenir dangereux pour les ducs eux-mêmes.
Guillaume aurait agi comme un grand seigneur en s’alliant donc avec Marguerite de Châteaubriand, la fille de son voisin, le seigneur de Châteaubriant, nièce des seigneurs de Vitré et de La Guerche. Guillaume s’occupa aussi attentivement de ses droits. Plusieurs documents le montrent dans sa tâche administrative. En mai 1272, cité aussi en tant que chevalier, il s’accorda avec les moines du prieuré de Rochefort à propos de l’étang de Rochefort, des moulins situés sur la chaussée de l’étang, du droit de pêche et de plusieurs terres situées dans la paroisse de Malansac [40]. La même année, mentionné comme héritier de Tiphaine de Rais, il ratifia en faveur de l’abbaye de Buzay la donation que cette dame avait faite, soit six quartiers de pré, et comme le produit était insuffisant, il y ajouta une rente de 63 sous 6 deniers [41]. Mais, ses bonnes actions envers les établissements religieux ne furent guère récompensées puisqu’en 1275, il combattait les religieux du prieuré de Donges, peut-être trop âpres au gain. Une [p. 20] charte de cette année atteste qu’il avait perpétré des vexations envers les religieux car il voulait s’emparer du prieuré de Donges à chaque vacance du poste de prieur. Après diverses remontrances, Guillaume fut contraint de se désister de ses prétentions en renonçant à tout droit de saisine [42]. L’année suivante, selon un accord passé entre l’abbé de Prières et Eudon de La Roche-Bernard, le 17 octobre 1276, les soldats de Guillaume, alliés à ceux de Paien de Malestroit s’attaquèrent, comme nous l’avons déjà mentionné, aux biens de l’abbaye, et détruisirent les barques de l’abbaye au passage de Guidas, très certainement un lieu particulièrement lucratif car il permettait de traverser la Vilaine [43]. En fait, Guillaume connaît les mêmes problèmes que les autres membres de l’aristocratie, les mêmes difficultés que le duc de Bretagne lui-même. Le coût de l’équipement pour faire la guerre devient prohibitif surtout à partir des années 1220. Il faut payer la construction de châteaux de pierre. La guerre se fait rare et n’est plus une source de revenus. Comme il faut trouver de l’argent, les Juifs ayant été expulsés, il est nécessaire d’avoir recours aux établissements religieux, qui seuls, à l’époque, en possédaient et pouvaient se comporter comme de véritables banquiers. De plus, ils surent faire fructifier leurs terres et paraissent avoir possédé des droits très rentables, attisant les convoitises des grands seigneurs. Disposant de la force militaire, ces derniers agirent souvent avec brutalité pour récupérer aussi des droits et des biens qui avaient été donnés auparavant par leurs ancêtres ou par eux-mêmes lorsqu’ils s’étaient retrouvés face à de grandes difficultés financières.
Guillaume de Rochefort mourut après 1295 car il est encore cité dans le Livre des Ostz. En septembre 1295, il est toujours attesté, tout comme son épouse, Agnès. Agnès fut peut-être sa seconde épouse. Son origine est inconnue. Tous les deux consentirent à ce que Bonabes de Rochefort, leur fils puîné, fasse des acquisitions. S’il devait mourir sans postérité, son héritage devait aller à eux et à leur fils aîné, Thibaud. Cet acte laisse perplexe car il laisse à penser que Guillaume préparait sa succession, mais surtout que Marguerite de Châteaubriand ne fut pas la mère de Thibaud [44].
Un immense héritage
Thibaud hérita de son père, sans doute très jeune puisque dans un acte de 1291, élaboré devant l’évêque de Dol, il est cité en tant que valet, c’est-[p. 21]à-dire qu’il était trop jeune pour être armé chevalier [45]. En août 1294, il devait avoir été adoubé puisqu’il est mentionné chevalier dans le Livre des Ostz, ce qui est confirmé par un acte du 24 septembre 1296 passé à Châteauneuf-La-Noë. Dans cet acte, Thibaud est mentionné en tant que seigneur de Rochefort et vicomte de Donges. Son père était alors mort.
Thibaud fut un très riche héritier. Son patrimoine était l’un des plus importants du duché de Bretagne. Toutefois, il est nécessaire de revenir un peu en arrière. En effet, Thibaud, avant de succéder à son père, était, toujours d’après le Livre des Ostz, seigneur d’Assérac. Il relevait du seigneur de La Roche-Bernard à qui il devait un chevalier d’ost.
Le seigneur de La Roche-Bernard recongust que il doit III chevaliers d’ost, desquelx Monsour Thebaud de Rochefort doit I chevalier et demy par raison de la terre d’Acerac. Et le seigneur de La Roche parfet l’autre demy. Et dit que monseigneur doit I chevalier pour la terre de Vitré qui estoit à Nantes qui fut donnée à fondre les Jacobins de Nantes, laquelle terre monseigneur retraist, mes monseigneur ne le cognoist pas et s’en doit enquerre [46].
Le seigneur de La Roche-Bernard, Eudon II (mort après 1301), que l’on a rencontré précédemment autour des Derval-Rougé lorsque le duc Jean Ier transforma les règles de succession au sein de l’aristocratie militaire bretonne, reconnut donc devoir au duc trois chevaliers d’ost, se reposant ensuite sur ses vassaux, Thibaud de Rochefort, seigneur d’Assérac et le duc, lui-même pour sa terre de Vitré. Ces chevaliers d’ost paraissent être liés au fief de La Roche-Bernard qui était composé, selon des aveux bien postérieurs au XIIIe siècle, en fait de trois terres distinctes : La Roche-Bernard, La Roche-au-Nort et La Roche-en-Savenay [47]. La première avait juridiction sur douze paroisses [48] ; tandis [p. 22] que la seconde s’étendait sur quinze paroisses [49] ; et la troisième était plus modeste, ne couvrant que quatre paroisses [50]. Il est probable que la terre d’Assérac relevait de la première terre appartenant au seigneur de La Roche-Bernard. Son centre a pu être le château de Ranrouët, dont le site n’apparaît mentionné dans un acte qu’en 1473 [51]. On ne sait pas comment notre Thibaud parvint à obtenir cette terre. Est-il apparenté à cet Alain d’Assérac, chevalier, qui se vit confier par le duc de Bretagne, l’important rôle de recevoir, au nom du prince héritier du duché, le 7 juillet 1269, des mains du roi Henri III d’Angleterre, le comté de Richmond contre la renonciation du comté d’Agenais [52] ? Est-il possible de penser qu’Alain d’Assérac fut membre de ce réseau ? Marguerite de Châteaubriand était-elle vraiment la mère de Thibaud ? L’épouse du père de Thibaud, que nous avons déjà rencontré, Agnès, ne serait-elle pas en fait sa mère et l’héritière d’Assérac. Un autre membre de cette famille est attesté. Il s’agit de Bertrand d’Assérac, chevalier, décédé en avril 1274, soit plus de vingt ans avant que Thibaud n’hérite de la vicomté de Donges. A cette date, les moines de Prières donnèrent à Pierre de Muzillac, chevalier, dix sous de rente à percevoir au port de Tréhéguier et sur plusieurs terres dans la paroisse de Limerzel en échange de terres que ce dernier avait dans la paroisse de Billiers. Ce Tréhéguier est en réalité Treyzelger, située dans la paroisse d’Assérac, qui fut donnée par Bernard d’Assérac, chevalier, à l’abbaye. Ici, nous nous trouvons dans une région très proche de Suscinio, la résidence principale des ducs de Bretagne [53].
Par ailleurs, cette terre d’Assérac devait être très importante, car elle valait l’obligation à son seigneur de devoir rendre au seigneur de La Roche-Bernard la moitié de sa contribution. Toutefois, cela n’était pas grand-chose par rapport à l’héritage du père de Thibaud.
Selon le Livre des Ostz, Guilaume de Derval, vicomte de Donges et seigneur de Rochefort devait au duc :
Et le seigneur de Rochefort recognut que il doit VII chevaliers d’ost. C’est asavoir par raison de la vicomté de Donges, V chevaliers, desquelx il dit que monseigneur le doit delivrer de I chevalier, par la raison [p. 23] de la terre de Lavau que il tient, laquelle terre le doit, ce dit-il ; et par la raison de la terre de Rochefort III chevaliers, desquelx I chevalier doit venir par le seigneur de Reux, si comme yceluy seigneur de Rochefort le dit [54].
Lorsque son père mourut, Thibaud devint seigneur de Rochefort et vicomte de Donges. La vicomté de Donges [55] était très vaste, couvrant, sur les bords de la rive nord de l’estuaire de la Loire, plus de 200 km². Elle relevait donc directement du duc, à qui, le vicomte ne devait rien moins que cinq chevaliers d’ost [56]. Selon des aveux postérieurs Au vicomte de Donges appartenait la haute justice sur douze paroisses entre Nantes et Savenay. A l’origine, elle comprenait aussi les châtellenies de Saint-Nazaire et de Lavau (cette dernière est citée dans le Livre des Ostz et appartenait en 1294 au duc). La vicomté disposait de plusieurs forteresses. La principale était celle de Donges, mentionnée la première fois vers 1065. Conan III la détruisit mais laissa en état la motte de terre avec le donjon [57]. Les vicomtes de Donges migrèrent alors à Lorieuc ou Lorioc en Crossac et y établirent un château situé dans un îlot du marais de Crossac [58]. Ils jouissaient aussi du château de Saint-Nazaire [59] dont la châtellenie du même nom, dominant onze paroisses, avait été démembrée de Donges au XVe siècle [60]. Il est possible qu’ils aient hérité aussi du château du Sainte-Opportune, ancien centre du fief du Pellerin, dans la paroisse de Saint-Père-en-Retz [61]. Enfin, ils tenaient en outre le vieux château de Nissé ou de Nisére dans la paroisse de Montoir.
La seigneurie de Rochefort était, elle aussi, très vaste. Son détenteur devait trois chevaliers d’ost au duc. En 1422, elle s’étendait déjà sur douze paroisses et, en 1459, elle en couvrait seize dont cinq presque complète[p. 24]ment [62]. Nous ne sommes pas encore parvenus à expliquer sa présence dans la partie nantaise du Livre des Ostz, alors que traditionnellement elle appartenait à la baillie de Broerech [63]. Elle est née d’un démembrement de l’ancienne châtellenie d’Elven, dite aussi de l’Argoët, réalisé en faveur d’un puîné de la puissante maison féodale d’Elven [64]. Le premier seigneur connu de Rochefort est Abbon ou Hamon qui n’apparaît qu’au début du XIIe siècle [65]. Les domaines proches des seigneurs de Rochefort montrent qu’ils possédaient la forteresse de Rochefort, centre de la châtellenie du même nom, avec les forêts et parcs de Brambien, de Coëtzo et de Bodelio, les châteaux de Coëtquibihan ou Coëtbihan et d’Erech, dans la paroisse de Questembert [66].
De plus, le Livre des Ostz nous fournit une information capitale. Si Thibaud était vassal du seigneur de La Roche-Bernard pour sa terre d’Assérac, il avait pour vassal le seigneur de Rieux qui, comme l’indique un acte de 1285, disposait de terre dans la paroisse de Saint-Nazaire [67], paroisse sous l’administration du vicomte de Donges. Par ailleurs, il faut remarquer que le seigneur de Rieux, Guillaume, fut, lui aussi, un proche du duc de Bretagne. Il avait épousé la cousine germaine du duc, Jean II, Louise de Dreux-Machecoul, fille d’Olivier de Machecoul que nous avons déjà rencontré. Serait-il possible que se soit les Derval-Rochefort qui aient intégré un de leur principal vassal à l’entourage ducal.
Il reste tout de même un problème lorsque l’on analyse la fortune de Thibaud : la possession de la terre de Châteauneuf-d’Ille-et-Vilaine, qui se situe tout de même bien loin des seigneuries d’Assérac, de Rochefort et de la vicomté de Donges. Ce fief, situé non loin de Dinan, ainsi que son centre, le Castellum de Noes, dépendaient de l’évêque de Dol [68]. Selon l’enquête ordonnée en 1247 par le duc de Bretagne afin d’évaluer le [p. 25] nombre de chevaliers du par ce prélat au duc, l’évêque fit citer ses principaux vassaux. Ainsi, nous apprenons que le seigneur de Rochefort lui en devait un pour sa terre de Châteauneuf [69]. Comment les Rochefort ont-ils pu obtenir ce fief alors que dans l’enquête précédente de 1226, ils ne l’avaient pas ? En outre, il semblerait qu’il y ait eu un partage après 1247 entre les Rochefort. En effet, selon un acte de 1251, le seigneur de Rochefort ne l’avait plus à cette date, ce fut un certain Robert de Rochefort, chevalier, qui le possédait ou l’administrait. En 1251, ce dernier donna au prieur et au chapitre de Saint-Malo deux mines de froment dans la paroisse de Ploec dans son fief de Rembaud des Landes [70]. Deux ans plus tard, il s’accorda avec les mêmes sur les dîmes, nommées dîmes de Rochefort, dans la paroisse de Ploec. Il y renonça mais en garda le fruit, soit les revenus, pendant 40 ans, et cela à condition qu’elles reviennent aux chanoines de Saint-Malo de Dinan [71]. L’année suivante, il devait être décédé puisque Geoffroy, évêque de Saint-Malo, mentionna que Geoffroy de Rochefort, très certainement le successeur de Robert, avait donné au prieur et au chapitre de Saint-Malo de Dinan les dîmes de la paroisse de Ploec [72]. Un document de 1271 mentionne que Geoffroy était mort à cette date et avait été remplacé par son fils, Raoul, chevalier. Il agit lui aussi dans la région de Dinan et de Saint-Malo puisque l’official de la cour de Saint-Malo confirma que, devant sa Cour, Raoul avait juré sur les Livres Saints que la dîme de la paroisse de Ploec dans le fief de Geoffroy de Rochefort, son père, ne seraient jamais réclamées [73]. En 1272, en mars, un autre acte nous donne une information très intéressante : Pierre de Morzelle, sénéchal du comte de Bretagne dans la terre de Dinan, reconnut que, comme Thomas de Rochefort, chevalier, avait fait vendre toute la dîme de Raoul de Rais dans la paroisse de Querhen, pour le prix de 20 mines, selon des lettres scellées par son alloué, Pierre Piedevache, dans la paroisse de Querhen, l’abbaye de Saint-Jacut pouvait faire opposition à cette vente [74]. Ainsi, un certain Raoul de Rais, du lignage des seigneurs de Retz, évêché de Nantes, détenait une dîme dans une paroisse de la région de Dinan. Serait-il Raoul II de Rais, seigneur de Retz et de Pornic (mort en 1252), dont la seule fille connue, et donc seule héritière, fut Eustachie, épouse de Girard Chabot) ? Serait-il possible qu’il eut aussi une autre fille, dénommée Tiphaine, qui [p. 26] aurait épousé un Rochefort dont descendaient Thomas de Rochefort mais aussi Guillaume, seigneur de Rochefort et vicomte de Donges, qui toujours en 1272 indique qu’il était l’héritier de Tiphaine de Rais. Est-il vraisemblable de mentionner que les seigneurs de Rochefort héritèrent de ce fief de Châteauneuf des Rais, et, tout en gardant le contrôle, en avaient confié l’administration, sous forme d’apanage, à des cadets ? Les généalogies sont si lacunaires pour cette seconde moitié du XIIIe siècle que toutes les hypothèses sont possibles. De même, ni la généalogie, ni les actes ne sont d’aucun secours pour expliquer comment les Rais obtinrent ce fief si loin de leurs domaines de l’évêché de Nantes.
Toutefois, il faut remarquer qu’à partir de 1272, Geoffroy et Thomas de Rochefort disparaissent. Guillaume de Rochefort agit seul, par l’intermédiaire de son sénéchal. Ainsi, en 1277, Olivier, dit Orphant, écuyer, sénéchal de Guillaume, fils de Thibaud de Rochefort, chevalier, défunt, confirma l’accord entre le chapitre de Dol et Bartholomé Urvoy, sur les dîmes de la paroisse de Pludihen, évêché de Dol [75]. En 1281, ce fut en personne qu’il reconnut que le prieur de Saint-Magloire de Léhon, en sa cour, avait reçu de Robert dit Le Voyer le moulin de Brochesac, près de Léhon [76]. S’il est un peu troublant de voir Guillaume cité seulement en tant que Guillaume de Rochefort, chevalier, sans que ses titres de seigneur de Rochefort et vicomte de Donges ne soient mentionnés, son fils, Thibaud, par contre, est mentionné dans l’acte du 24 septembre 1296, établi à Châteauneuf-La-Noë, en tant que Thibaud, seigneur de Rochefort, vicomte de Donges, chevalier. Dans cet acte, il attesta, qu’en sa Cour, Geoffroy Le Roy, prieur de Ploërmel, procureur du prieuré de Saint-Magloire de Léhon, consentit que Raoul, seigneur de Coëtquen, chevalier, et son fils ou tous autres pour eux, devaient rendre au prieuré de Saint-Magloire de Léhon 50 livres qu’ils avaient perçues à titre de prêt [77]. Une nouvelle fois, nous voyons apparaître un autre vassal du Thibaud, et par n’importe lequel puisqu’il s’agit de Raoul, seigneur de Coëtquen, un des plus importants seigneurs de la région de Dinan. Une nouvelle fois encore, il est nécessaire de mentionner que ce personnage était lui aussi membre de l’entourage ducal. En 1298, lorsque fut rendue la sentence arbitrale entre le duc Jean II et Rolland de Dinan-Montafilant permettant au duc d’adjoindre définitivement à son Domaine la vicomté de Léon, Raoul de Coëtquen est aussi mentionné en tant que témoin, et cela avec Galéran de [p. 27] Châteaugiron et Esgaré de Rougé [78]. En 1307, il est cité, aux côtés de Thibaud, en tant que témoin de l’obligation de 16 000 livres souscrites par le duc Arthur II de Bretagne envers les exécuteurs testamentaires du duc Jean II [79].
En fin de compte, que pouvons nous constater ? Nous apprenons que Thibaud, avant d’hériter de son père, était le seigneur d’Assérac, et sans doute le châtelain de Ranrouët, centre de ce fief. Pour cela, il était le vassal du seigneur de La Roche-Bernard, un membre de l’entourage ducal. Thibaud obtint à la mort de son père d’importants fiefs : la vicomté de Donges, une des premières terres du duché, la seigneurie de Rochefort et enfin celle de Châteauneuf, près de Dinan, parvenue jusqu’à lui par l’intermédiaire des Rais. Nous parvenons aussi à savoir qu’il avait deux importants vassaux, les seigneurs de Rieux, relevant de sa terre de Rochefort, et le seigneur de Coëtquen, relevant de sa Cour de Châteauneuf. Ces deux derniers seigneurs furent aussi intégrés à la Maison ducale.
Les devoirs militaires de Thibaud étaient parmi les plus importants du duché. Il devait apporter directement au duc huit chevaliers d’ost et indirectement deux et demi (un et demi pour Assérac, relevant du seigneur de La Roche-Bernard, et un pour Châteauneuf, dans la mouvance de l’évêque de Dol), soit au total dix chevaliers et demi. Cependant, à cela, il faut enlever deux chevaliers d’ost provenant de ses vassaux, un du duc de Bretagne lui-même pour la terre de Lavau et un du seigneur de Rieux. Nous revenons donc à huit chevaliers et demi, ce qui classe Thibaud au même niveau que le vicomte de Rohan (neuf chevaliers et demi), qu’Henri d’Avaugour, seigneur de Goëlo (dix chevaliers), que l’évêque de Dol (dix chevaliers), que le comte de La Marche (quinze chevaliers), c’est-à-dire au plus haut niveau de l’aristocratie militaire bretonne.
Si l’hypothèse que j’ai formulé dans mon étude sur le Livre des Ostz, selon laquelle un chevalier d’ost correspond à un château majeur, est exacte, le nouveau vicomte de Donges, seigneur de Rochefort, d’Assérac et de Châteauneuf, détenait plus de dix forteresses majeures : huit relevant directement du duc, Donges, Saint-Nazaire, Lorieuc, Nissé, Sainte-Opportune, Rochefort, Coëtbihan et Erech ; et deux indirectement : Ranrouët appartenant au fief d’Assérac et Châteauneuf d’Ille-et-Vilaine. [p. 28]
Un homme proche des ducs
Peut-être est-ce à cause de sa puissance territoriale, à sa fortune, que Thibaud paraît être devenu le chef de ce réseau ? Il était sans aucun doute l’homme de confiance du duc Jean II puisqu’il fut chargé, avec son frère, Guillaume, trésorier de Saint-Brieuc (se préparant très certainement à devenir évêque de cette cité), de faire l’inventaire des biens et argent du duc, à la mort de celui-ci en 1305. Il fut le seul grand seigneur du duché désigné en tant que son exécuteur testamentaire ; les autres exécuteurs étaient des ecclésiastiques ou des officiers ducaux. Les sommes trouvées à la Tour neuve de Nantes, dans la résidence ducale de Longjumeau [80], près de Paris, au château ducal de Suscinio, et auprès du duc, à Lyon, lors de sa mort, furent, pour l’époque, gigantesque : 111 975 livres, sans compter les bijoux, les pièces d’orfèvrerie et d’argenterie représentant 4 700 marcs d’argent et 39 marcs et deux onces d’or [81].
Thibaud, avec ses collègues [82], devint alors l’un des personnages centraux du duché car ils tenaient les cordons de la bourse ducale. Tout acte financier, tout don ducal devait obtenir leur approbation. La documentation conservée aux Archives départementales de Loire-Atlantique sur le sujet de la succession de Jean II est surabondante. Thibaud intervint pour sa part essentiellement en 1307 :
- il confirma les lettres d’Arthur de Bretagne, qui allait devenir Arthur II, duc de Bretagne, qui faisait un don à son garde des sceaux, Renaud de Montbourcher [83]. [p. 29]
- il scella, et donc confirma une nouvelle fois, la donation faite par le duc Jean II à son chevalier Thibaud de La Feuillée, autre exécuteur testamentaire [84].
- il accorda, avec les autres exécuteurs testamentaires, une avance 22 000 livres au nouveau duc, Arthur II, sans doute afin de permettre à celui-ci de tenir dignement son rang [85]. Il est vrai que le duc Arthur ne pouvait pas disposer, comme il l’entendait, des finances ducales. Le testament de son père était particulièrement restrictif. Les legs y furent extrêmement nombreux. Le duc Jean II laissa une énorme somme, 30 000 livres, à un prince de sa maison qui devait utiliser cet argent pour partir à la Croisade et y conduire un contingent d’hommes d’armes important.
Un certain nombre d’actes indiquent que de nombreuses créances furent recouvrées par les exécuteurs testamentaires de Jean II jusqu’en 1311 et même après la mort du duc Arthur III en 1312.
Toutefois, Arthur II ne se heurta pas aux exécuteurs testamentaires de son père, dont Thibaud de Derval. Bien au contraire, le vicomte de Donges entretenait d’excellentes relations avec lui et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, en tant qu’exécuteur testamentaire de Jean II, il débloqua l’héritage de ce prince permettant à Arthur II de disposer de moyens financiers suffisamment importants pour contrôler son duché. En 1308, Arthur II, qui avait reçu déjà 16 000 livres, obtint encore une avance de 8 000 livres et surtout put conserver pour lui les 30 000 livres destinées au Voyage en Terre Sainte [86]. Par ailleurs, le duc avait une si grande confiance envers le vicomte de Donges qu’il le désigna enquêteur ayant pour rôle d’estimer le douaire particulièrement avantageux de sa seconde épouse, Yolande de Dreux, veuve du roi Alexandre III d’Ecosse. Ce douaire était constitué principalement d’une rente de 7 000 livres à prendre sur les revenus de la maison ducale en Champagne, dans le Perche, sur la terre normande de L’Aigle, sur la terre bretonne de Saint-Aubin du Cormier et sur les forêts de Rennes et de Saint-Aubin du Cormier, situés dans l’évêché de Rennes [87]. Enfin, à la mort d’Arthur II, Thibaud fut présent à Paris lorsque le roi de France confirma l’accord entre Yolande, au nom d’elle-même et ses enfants, et les enfants du premier lit de son époux, le [p. 30] nouveau duc Jean III et Guyon, alors héritier de la vicomté de Limoges. Cet accord réduisait considérablement la puissance de Jean III car Yolande et ses enfants recevaient 8 000 livres de rente à prendre, si nécessaire, sur les salines de Guérande, sur la terre angevine de Montfaucon, les biens de la famille ducale dans le Perche, dans le Maine et en Normandie, les revenus sur l’Echiquier de Rouen, les château, châtellenie, ville et forêt de Gavre. En dot, la fille aînée de Yolande et d’Arthur II devait recevoir 20 000 livres. Pour finir, les frères cadets de Jean III, Guyon et Jean (futur comte de Montfort-L’Amaury) étaient émancipés et donc libres de disposer de leurs héritages [88].
Ce dernier acte extrêmement important pour le devenir de la puissance ducale place résolument Thibaud dans le camp de Yolande de Dreux et du roi de France. Depuis le désastre de Courtrai, en 1302, le roi de France, Philippe IV le Bel (1285-1314), se devait de rassembler toutes les forces militaires de son royaume afin de combattre les Flamands révoltés et toujours menaçants, convoquant même directement les vassaux de ses plus puissants feudataires. La mort de Jean II, en 1305, avait évité à ce duc de sérieux ennuis de la part du roi, ce que ne parvint pas à éviter son cousin, le comte de La Marche. En effet, Jean II, avec d’autres grands seigneurs, paraissent avoir tenté de profiter de la faiblesse du roi de France, après Courtrai, afin de secouer le joug royal ou tout du moins réduire les prétentions et les interventions royales. La tentation avait donc été très grande pour les premiers seigneurs du royaume, dont le roi d’Angleterre, par ailleurs duc de Guyenne, d’imposer au roi leurs désirs autonomistes, voire d’indépendance. Lors de la bataille de Mons-en-Pévèle (1305), une chronique flamande mentionne qu’ils furent tentés de quitter le camp du roi et de laisser le souverain à la merci des redoutables Flamands [89]. La victoire royale de Mons-en-Pévèle, même si elle fut incertaine, permit à Philippe le Bel d’imposer sa volonté. Les Lusignan, comtes de La Marche, y perdirent leurs fiefs. Le duc Jean II mourut fort opportunément peu après. Le roi de France n’avait alors aucun ressentiment envers son successeur, Arthur II, qui, lorsqu’il était seulement vicomte de Limoges, avait montré sa parfaite loyauté, d’autant plus qu’il s’était remarié avec Yolande de Dreux, femme si appréciée par le roi qu’elle avait été déjà donnée en mariage au roi d’Écosse afin de renforcer le parti français dans ce royaume et y réduire ainsi l’influence anglaise.
Le vicomte de Donges, après avoir été fidèle au duc Jean II, continua à l’être envers Arthur II. Toutefois, quand Arthur II mourut en 1312, il choisit de suivre le camp du plus fort, c’est-à-dire celui de Yolande et du roi de [p. 31] France. Philippe le Bel, en octroyant un tel douaire à Yolande, ne faisait qu’accroître sa propre autorité déjà considérable dans le duché ; ses agents étaient présents en Bretagne [90]. En confisquant les biens du comte de La Marche, il avait de surcroît acquis les deux plus importants fiefs de Bretagne, les terres de Porhoët et de Fougères [91]. Par ailleurs, l’essentiel de la haute aristocratie du duché s’était rallié à lui car elle détenait de vastes domaines dans le royaume de France. Thibaud, de son côté, détenait des fiefs hors de Bretagne, tout comme ses nombreux (semble-t-il) cousins, les Chabot de Retz, seigneur de La Motte-Achart, les Châteaubriand, seigneurs du Lion d’Angers, les Montmorency, seigneurs de Vitré, de Laval et d’Attichy, ou les La Guerche, seigneurs de Pouancé, de Segré, en Anjou, et bientôt vicomte de Beaumont-au-Maine. Thibaud s’était surtout uni à la co-héritière d’Emery de Neuville, seigneur de La Roche d’Iré et de Cornuailles, dans le Maine.
Jusqu’à la mort de Yolande de Dreux, survenue en 1324, Thibaud lui resta fidèle. Il était présent, en février 1315, à Paris, lorsque le douaire de la duchesse douairière fut accru car Jean III n’arrivait pas à le payer et était alors en retard dans ses versements. Aussi, Yolande obtint, en dédommagement, les terres de Montfaucon et de Guérande, les prévôtés et les fermes de Nantes et de Champtoceaux, les hauts breuils de Saint-Aubin du Cormier et 13 500 livres pour les retards de paiement [92]. En avril 1318, Thibaud était encore là, à Paris, lorsque Philippe V le Long obligea le duc Jean III à accepter les réclamations de sa belle-mère. Il est vrai qu’Henri de Sully, proche cousin de la duchesse Yolande, était alors le principal conseiller du roi. Le duc y perdit le contrôle de ses places fortes frontalières avec le royaume de France : Champtoceaux en Anjou, Saint James de Beuvron, en Normandie, Saint-Aubin du Cormier qui faisait face au Maine, et Touffou, une des portes du Poitou. Les revenus des domaines ducaux d’Hédé, de Saint-Père-en-Retz et de Touffou revinrent à elle et à ses enfants [93]. [p. 32]
La fureur de Jean III envers Thibaud fut vraisemblablement à la mesure des pertes subies et le poussa à envoyer, en novembre 1313, des émissaires afin de se plaindre au Saint-Siège des agissements des exécuteurs testamentaires de son père [94] qui sous prétexte d’accomplir leur mandat le pressaient injustement. Il les accusa aussi de s’être saisis de l’héritage d’Arthur II, car ce dernier avait fait, comme son père, de nombreux legs, et de s’être enrichis, eux et leurs amis, à ses dépens [95].
On peut se demander si cette accusation ne reposait pas sur une certaine réalité car en août 1322, les exécuteurs testamentaires d’Arthur II donnèrent le privilège de délivrer les congés de mer dans les ports de Bordeaux et de La Rochelle à Guy de Bretagne, alors devenu seigneur de Penthièvre, qui les vendit par cet acte, au fils et héritier de Thibaud, Guillaume de Rochefort, seigneur d’Assérac, son créancier, pour la somme de 16 000 livres (pour avoir un ordre de comparaison, pour la même somme, le duc Jean Ier avait acheté les terres et villes de Dinan). En cas de guerre, Guy devait payer 5 000 livres par an pendant quatre ans, soit au total 20 000 livres. Le duc Jean III fut dans l’obligation d’y consentir, sans doute, car il n’avait pas le choix : lui et son frère, Guy, étaient pris à la gorge par leurs créanciers [96].
Le règlement du testament du duc Jean II, sous le règne d’Arthur II, révèle que des parents et des proches de Thibaud obtinrent des avantages. Eudes de Rougé et son épouse Marguerite reçurent 50 livres pour le service qu’ils avaient effectué en Germanie (on ne sait ni quand, ni pourquoi) [97]. Jamet de La Muce eut un rabais sur une amende qu’il devait. Elle passa de 100 livres à 15 livres. Eudes de La Roche-Bernard reçut des dédommagements pour des excédents perçus sur l’héritage d’Hermine de Lohéac, qui venait d’hériter de la terre de Lohéac [98]. Peu après la mort [p. 33] d’Arthur II, on vit un des membres de ce réseau se tourner délibérément vers le roi de France. En juin 1312, Geoffroy, seigneur d’Ancenis, est attesté en tant que chevalier du roi [99].
Très certainement, les mauvaises relations entre Thibaud et le duc Jean III eurent de fâcheuses répercussions au sein même de ce réseau qui formait le noyau central de l’entourage ducal. Il faut remarquer que ce réseau semble se scinder en deux parties à partir de la mort du roi de France, Philippe le Bel, en 1314. En effet, la situation politique en Bretagne et dans le royaume de France se compliqua, principalement à cause de l’arrivée, sur une brève période, à peine quinze années, sur le trône royal d’abord des fils de ce roi, Louis X le Hutin (1314-1316), Philippe V le long (1316-1322), Charles IV le Bel (1322-1328), puis de son neveu, Philippe VI de Valois (1328-1350). Ces souverains eurent souvent à l’égard du duc Jean III des attitudes différentes. Louis X, Charles IV et Philippe VI le favorisèrent tout simplement parce qu’il appartenait à la puissante maison de Bourgogne (la mère de Jean III, la vicomtesse de Limoges, eut pour mère une princesse de Bourgogne, tout comme l’était les épouses de Louis X et Philippe VI), mais surtout à la maison de Valois : la première épouse de Jean III était la fille de Charles de Valois, principal conseiller des rois Louis X et Charles IV, et bien sûr la sœur de Philippe VI. Il ne faut pas oublier que Robert d’Artois, très influent auprès de ces différents souverains, était non seulement le fils de Blanche de Bretagne, et donc le proche cousin de Jean III, mais aussi l’époux d’une des sœurs de Philippe VI, et ainsi le beau-frère de Jean III. Cependant, lorsque Philippe V le Long accéda sur le trône, les Valois, Robert d’Artois (adversaire de Mahaut d’Artois, belle-mère du nouveau roi) et Jean III perdirent leur influence. Ce fut le temps où les Dreux, les Melun, les Sully, les Craon, les Harcourt, tous apparentés à Yolande de Dreux, participèrent à la puissance royale.
Ainsi, dès que le roi Philippe le Bel mourut, Jean III retrouva une certaine autorité dans son duché et le soutien de certains membres du réseau auquel appartenait Thibaud. Ce retour en grâce permit au duc de protéger les gens qui l’entouraient, personnes ayant son âge, peut-être même ayant été éduquées avec lui. La plainte de Gédouin de Dol, écuyer, qui accusait les jeunes Geoffroy de Châteaubriand, Guyon (c’est-à-dire jeune Guy) de Châteaugiron et Jean de Rougé, écuyer (trop jeune pour être adoubé) de l’avoir attaqué traîtreusement et laissé pour mort, après lui avoir juré de ne pas lui faire de mal, fut renvoyée, par le Parlement de Paris, le 27 mars [p. 34] 1315, devant la Cour du duc de Bretagne [100]. Il semblerait bien que Jean III fut très proche des Châteaugiron puisqu’il fit don de 100 livres de rente à l’épouse de Brient de Châteaugiron, Amice, rente assise sur le manoir de Cudrece [101]. En même temps, le duc et Brient de Châteaugiron firent un échange très important : le château et la terre de Châteaugiron contre les biens du duc dans le Léon, et cela avec le manoir de Demain, mais avec plusieurs exceptions considérables, les hommages d’Hervé de Léon et de Bertrand du Chastel, deux des plus importants seigneurs léonard, et le château de Brest considérablement modernisé par le duc Jean Ier [102].
Cependant, c’est le règne du roi Philippe V le Long qui est le plus intéressant à analyser car il permet de savoir qui était avec Jean III et qui était proche de Thibaud et donc de Yolande de Dreux. Il faut bien sûr s’appuyer sur les actes d’origine royale. Le 28 novembre 1318, Philippe V ordonna au bailli de Touraine de poursuivre Olivier de Sesmaisons, Guillaume de La Muce, G. « Montour », Jean de La Muce, Alain et Jean de Saffré, prévenus d’avoir blessé mortellement un serviteur de Jean Rousseau, bourgeois de Nantes, lequel Jean Rousseau avait appelé d’un jugement de la cour séculière de l’évêque de Nantes, rendu en faveur d’Olivier [103]. Par trois fois aussi, le roi ordonna de reprendre l’enquête sur la plainte de Gédouin de Dol contre ses anciens adversaires. Le roi profita du fait que Gédouin avait demandé un duel judiciaire [104]. Il semblerait donc que parmi les membres du réseau de Thibaud, Jean III avait encore le soutien des Châteaubriand, des La Muce, et de leurs voisins, les Saffré et les Sesmaisons. Le cas de Jean de Rougé est intéressant. Il est possible qu’il ne soit que le neveu du seigneur de Rougé, qui épousa soit une Saffré, soit une La Muce, mais il est plus vraisemblable qu’il s’agisse du fils de Guillaume, seigneur de Rougé et de Derval, et de la dame de Neuville. [p. 35]
Si le fils était proche du duc, le père ne l’était certainement pas puisque ses biens furent confisqués par le duc en avril 1317 sous le prétexte que ses gens s’étaient emparés de deux sergents du duc. Guillaume fut condamné à une amende de 1 000 livres [105]. Le beau-frère de Guillaume, puisque les deux cousins avaient épousé les deux sœurs, Thibaud, était alors tout puissant. En avril 1318, il fut nommé par le roi afin de mettre fin aux désaccords entre les deux enquêteurs chargés d’estimer le douaire de Yolande de Dreux. Dans ce document, il est clair que cela devait se faire pour le plus grand bénéfice de la duchesse [106]. Le 17 janvier 1321, le roi renvoya à Thibaud, ou à un autre commissaire que Thibaud choisira parmi les clercs, l’accord conclu entre Yolande et l’évêque de Nantes, au sujet des empêchements mis dans la ville de Guérande (faisant parti de son douaire), par les gens de la duchesse, aux droits de l’évêque [107]. Le 6 août de la même année, le souverain accepta de juger le différend existant entre Thibaud et Guillaume de La Muce, chevalier (membre du réseau), très certainement un proche de Jean III. Thibaud était poursuivi pour un crime très grave : avoir enlevé, dans une église, la femme de Guillaume et la maintenir toujours prisonnière. Comme Thibaud était trop puissant et avait trop d’amis, Guillaume en avait appelé au roi de France et avait exigé, lui aussi un duel judiciaire [108]. Il semblerait qu’il ait existé un conflit générationnel au sein des membres de ce réseau : les plus jeunes auraient été proches de Jean III, tandis que les plus anciens auraient suivi Thibaud.
Cependant, force est de remarquer qu’il y eut peut-être une réconciliation entre le duc et Thibaud et ses amis et parents. Philippe V mourut en 1322 et lui succéda Charles IV dont la politique semble avoir été de placer dos à dos les deux camps. En outre, Yolande était affaiblie. Elle mourut vers 1324. Jean III perdit un de ses plus précieux appuis, Brient de Châteaugiron qui mourut vers cette époque puisque Pierre d’Acigné, curateur et tuteur des enfants de Brient, refusa de reconnaître l’échange et demanda, devant le Parlement de Paris, selon un acte du 16 février 1323, la restitution de Châteaugiron [109]. Il est très vraisemblable que cette apaisement, peut-être même cette réconciliation, eut un prix. En 1322, le 31 août, à la demande personnelle du duc, les exécuteurs testamentaires d’Arthur II, et donc Thibaud de Rochefort, donnèrent le privilège de délivrer les congés de mer [p. 36] dans les ports de Bordeaux et de La Rochelle à Guy de Bretagne, sire de Penthièvre, qui les revendit, immédiatement à Guillaume de Rochefort, seigneur d’Assérac (le fils et héritier de Thibaud), son créancier, pour la somme de 16 000 livres afin de s’acquitter de sa dette envers lui [110]. Par ailleurs, Guillaume de La Muce semble avoir été abandonné à son sort. Tout d’abord, le 12 février 1322, la Cour royale fit savoir au bailli de Tours son étonnement et son mécontentement en apprenant à quel point le bailli avait négligé de faire une enquête sur le comportement des adversaires de Guillaume de La Muce [111]. Quatre jours plus tard, un Arrêt de justice remit à l’arrivée du duc à Paris le jugement d’un procès entre Guillaume et le duc de Bretagne. Ainsi donc, Guillaume de La Muce était en procès avec le duc. L’acte du 21 mai, établi à Asnières, nous informe que le duc se disait particulièrement déçu par Guillaume car il avait entendu dire qu’il l’avait injurié et diffamé devant le roi. On a franchement l’impression que le duc, après avoir été proche de Guillaume, avait pris prétexte d’une rumeur afin d’abandonner Guillaume de La Muce. Un extrait d’une chronique anonyme nous révèle que le duc n’avait pas eu le choix. Thibaud de Rochefort et Guillaume de La Muce avaient manqué de très peu de se battre en duel, à Gisors, devant le roi de France. Il fallut l’intervention du duc et de leurs amis pour que le scandale cesse [112]. Le roi intervint aussi par l’intermédiaire de ses deux plus importants conseillers, Robert d’Artois et de Gaucher de Châtillon, comte de Porcien et connétable de France. Guillaume de La Muce finit par renoncer à ce duel et promit de se rendre auprès du duc Jean III afin de se faire pardonner [113]. De son côté, le 2 décembre 1323, Thibaud fut absous pour avoir enlevé la femme de Guillaume de La Muce et pour avoir commis à cette occasion des violences contre Briant de La Jaille, chevalier, (un cousin de Guillaume et comme lui un descendant de Marguerite de La Guerche, veuve de Main de Derval) et la dame de Saint-Michel, et plusieurs autres personnes [114].
Toutefois, Thibaud ne fut absous que pour ce qui concernait le roi de France et Charles de Valois, comte d’Anjou. Pour le reste, il restait à attendre la décision du duc de Bretagne qui ne se montrait guère aimable. Il faut encore remarquer que certains membres de ce réseau familial [p. 37] continuèrent à être poursuivis par la justice du roi de France. Si le roi Charles IV confirma le douaire de Yolande Dreux, et cela en présence de Thibaud [115], il poursuivit, en mars 1324, Jean de Rieux, Pierre de Rostrenen, Olivier de Montauban et Henri III d’Avaugour [116]. Si Jean de Rieux était le vassal de Thibaud et le fils d’une Machecoul, Pierre de Rostrenen pouvait appartenir à ce réseau car son épouse était la fille d’une Malestroit et Olivier de Montauban était le fils d’une Lohéac, parente d’Hermine de Lohéac, épouse d’Eudes de La Roche-Bernard. Henri III d’Avaugour, seigneur de Goëlo, de Mayenne et de Dinan-Sud, est un cas à part car il fut le conseiller du roi Philippe V. Le roi s’attaqua aussi à Geoffroy d’Ancenis qui fut condamné à restituer une amende frauduleusement perçue [117]. Le procès d’Olivier de Montauban eut lieu en décembre 1326 [118] et fut réglé par le chancelier de Charles IV.
Face à ses attaques, le réseau qui entourait Thibaud semble se détériorer. On se querelle et on en appelle à la justice royale. Ainsi, Geoffroy de Sion n’accepta pas la sentence arbitrale du sénéchal de Nantes dans son procès contre le seigneur de Derval, Guillaume de Rougé, beau-frère de Thibaud, et fit appel au Parlement de Paris [119]. Geoffroy était aussi en procès contre Jean de Rieux. Le 20 mai 1327, le Parlement de Paris donna sa décision sur l’appel de Geoffroy de Sion [120]. Le 27 septembre de la même année, le roi Charles IV en informa le duc de Bretagne et le convoqua devant le Parlement de Paris [121]. L’affaire n’était toujours pas jugée en décembre 1329, alors que le royaume de France était gouverné par un nouveau roi [122]. Le 28 juin 1331, il l’était enfin. Le Parlement de Paris confirma son [p. 38] arrêt rendu en faveur de Geoffroy de Sion, mais statua qu’il examinera si Geoffroy pouvait obtenir une prescription face aux revendications du duc [123]. En 1334, le procès du seigneur de Sion était alors entre les mains du duc [124]. Un autre membre de ce réseau fut aussi malmené. Il s’agit du cousin du duc, Girard de Dreux-Machecoul. Le 27 juillet 1330, le roi Philippe VI fit savoir qu’à la demande du duc de Bretagne, il suspendait l’exécution d’un arrêt qui permettait à Girard de Machecoul, chevalier, alors mécontent d’une sentence du sénéchal de Nantes, d’en appeler directement au Parlement de Paris [125].
Lorsque l’on analyse les Arrêts du Parlement de Paris concernant les appels des hommes d’armes du duché de Bretagne, il est possible de faire deux observations : la première étant qu’il s’agit presque toujours de membres du réseau des Derval-Rougé-Rochefort, bref de personnages dont les familles entouraient traditionnellement le duc de Bretagne ; la seconde est que leurs appels à la justice royale cessèrent à partir des premières années 1330. Il est vrai qu’à cette époque, Thibaud de Derval, vicomte de Donges, seigneur de Rochefort, était mort, tout comme Yolande (morte en 1324). Il est vrai de même que Jean III avait retrouvé toute sa puissance ; son frère cadet, Guy de Penthièvre, était mort en 1331, laissant une orpheline ; son oncle, Jean de Richmond, décédé en 1333, lui laissa une immense fortune en Angleterre. Il semblerait que ce réseau se soit reconstitué autour du duc. Quelles en sont aussi les raisons ? Il semblerait que depuis longtemps, Jean III entretenait de bonnes relations avec les plus jeunes membres de cette famille. En outre, le duc avait reconstitué toute son autorité grâce au rétablissement de sa fortune et à l’appui du roi de France. Enfin, ce réseau paraît avoir été davantage au service de la Couronne ducale qu’au service du duc. Ce groupe retrouva son unité autour du neveu de Thibaud, Jean de Rougé, seigneur de Derval, de Rougé et de Neuville. Le 27 novembre 1332, en récompense de ses bons services, ce dernier reçut du duc un cadeau somptueux : à titre héréditaire, toute la châtellenie de Pontcallec avec ses dépendances et ce que le duc pouvait posséder dans les paroisses de Bubry, de Quistinic, d’Inguiniel, de Berné, de Plouay, de Cléguer, de Caudan, de Calan, de Saint-Caradec près d’Hennebont, de Lomellec [126]. Il est possible de connaître l’entourage de Jean de Rougé et donc les hommes qui purent avoir la faveur du duc car nous possédons une analyse de son testament élaboré à Nantes en 1337. Nous y apprenons qu’il fit des dons à Eon de Cadoudal, chanoine de Vannes et sans doute parent du chevalier bachelier [p. 39] du duc, Olivier de Cadoudal, nommé par Jean III en tant que son exécuteur testamentaire. Jean de Montbourcher dont la famille fut très proche des ducs depuis Jean II, et Guillaume du Guesclin, oncle du futur Connétable, et neveu de Jean de Rougé, reçurent aussi des legs. On peut se demander si cette dernière parenté avec un homme qui eut la faveur ducale ne prépara l’ascension des Guesclin de la branche de Broons. Enfin, les noms des exécuteurs testamentaires de Jean de Rougé sont cités. Il s’agit de son cousin, Jean de Sesmaisons, nom que l’on a déjà rencontré en la personne Olivier de Sesmaisons, un proche de Jean III, qui fut poursuivi en 1318 en même temps que Guillaume de La Muce. Le second exécuteur, Jean de Rieux, était un vassal de Thibaud de Rochefort mais aussi un membre du réseau familial de Thibaud et de Jean de Rougé [127]. Par ailleurs, un autre testament est révélateur. En fait, il s’agit du codicille de Jean III écrit le 19 avril 1341. Il montre que le duc était proche de membres de ce réseau. Il nomma en tant qu’exécuteur testamentaire son chevalier le plus proche, Geoffroy Le Voyer, mais aussi le chevalier Robert de Saint-Père (-en-Retz ?) et maître Eon de Rougé, maître de l’Ecole de Nantes. Il donna à Olivier de Clisson, qu’il nomma son cousin, une rente, à titre héréditaire, de 300 livres sur la Prévôté de Nantes [128]. En fait, nous connaissons le nom de son principal exécuteur testamentaire. Le 26 mai 1340, le duc institua comme son exécuteur testamentaire, son conseiller et son compagnon, le vicomte de Rohan, lui envoyant son testament par l’intermédiaire du chevalier Olivier de Cadoudal [129]. Il faut savoir que ce vicomte de Rohan était Alain VII (mort en 1352), fils d’Olivier III et d’Aliette de Rochefort, et donc le petit-fils de notre Thibaud. Alain VII trouva son épouse, Jeanne de Rostrenen, au cœur même de ce réseau.
L’analyse des différentes généalogies, même si elles restent incertaines, surtout lorsqu’il s’agit des cadets et encore plus des cadettes, montrent que les membres de ce réseau continuaient à puiser en son sein afin de trouver des alliances matrimoniales et donc politiques intéressantes. La célèbre Jeanne de Belleville, unique héritière de ce lignage, épousa le seigneur de Châteaubriant, tenta un coup de force auprès de Guy de Penthièvre [130], alors veuf, et jeta enfin son dévolu sur Olivier de Clisson, autre membre de ce réseau. Ce dernier fut si proche des La Roche-Bernard qu’il fut nommé curateur de leurs biens en 1332 [131]. [p. 40] Si l’on reprend simplement les quelques arbres généalogiques ci-dessous, il est possible de s’apercevoir que Jean, seigneur de Derval et de Rougé, s’allia avec la veuve du vicomte de Rohan (celui-là même qui avait épousé en premières noces Aliette de Rochefort), puis avec la veuve de Geoffroy de Malestroit. Son fils et héritier, Bonabes IV, s’allia avec une cousine du seigneur d’Ancenis, tandis que la sœur de Jean épousait Jean de Coëtquen. En se mariant avec Marguerite de Rougé, dame de Saffré, Olivier II Tournemine, grand seigneur dans le Nord du duché, ne fit que renforcer sa présence dans ce réseau. Il était alors veuf d’une Machecoul et était le neveu de Guillaume de Sion et d’Aliette Tournemine. Du côté des Derval-Rochefort, la situation est identique puisque Marie d’Ancenis épousa le fils de notre Thibaud, Bonabes de Rochefort, seigneur d’Henleix, tandis que les petits-enfants de Thibaud épousaient, pour Thibaud III, Jeanne d’Ancenis, qui sera la dame d’Ancenis, et pour Aliette, Jean de Maure, issu d’une famille qui connut une ascension fulgurante à cause de la faveur ducale. Pour les collatéraux de ce réseau, il est possible de constater que Jeanne Chabot de Retz épousa en premières noces Jamet de La Muce, que Jean de Rieux épousa Isabeau de Clisson, fille de Jeanne de Belleville, que Paien de Malestroit épousa la sœur d’Olivier de La Chapelle, maréchal du duc Jean III et curateur des biens de celui-ci à sa mort [132], enfin que Pierre V de Rostrenen épousa en 1300 une fille d’une Malestroit et que leur fils et héritier, Pierre VI, se maria avec Marie de La Jaille.
Il est inutile de continuer cette liste. Que faut-il en retirer comme informations ? Tous les membres de ce réseau appartiennent à des familles que nous connaissons beaucoup mieux et qui ont profité de la faveur des ducs de Bretagne de la maison de Dreux afin d’accroître leur influence. Ils sont connus et reconnus. Alors que l’histoire du duché au XIIIe siècle, comme aux siècles antérieurs, est remplie par les actions des hommes d’armes du nord du duché, issus des lignages d’Avaugour (ou de Rennes), de Fougères, de Léon et de Porhoët, la fin du XIIIe siècle et surtout le début du XIVe siècle, c’est-à-dire l’époque de Thibaud de Derval, seigneur de Rochefort, vicomte de Donges, voit l’émergence des hommes du Sud du duché, si influents que des hommes du Nord, issus de lignages intermédiaires en pleine ascension, tels les Tournemine, commencèrent à s’allièrent à eux. Grâce à l’action de ce réseau, à leurs alliances surtout matrimoniales, les ducs de la maison de Dreux, Jean II, Arthur II et Jean III, parvinrent à contrôler l’ensemble de leur duché. Si les ducs y parvinrent, ce fut en accordant à ce réseau un surcroît de puissance, ce [p. 41] qui pouvait être à double tranchant, comme le duc Jean III s’en aperçut lorsqu’il perdit l’appui du roi de France. Les pratiques matrimoniales de ce réseau eurent tout de même, à la fois, un défaut ou une qualité. Ils finirent par concentrer les patrimoines entre peu de membres, ce qui est une force, surtout politique et militaire, essentielle en cas de conflit généralisé (comme ce fut le cas lors de la guerre de Cent ans). Cependant, les héritiers étaient souvent des héritières, ce qui est dans le monde dominé par le métier des armes et la guerre qui fit rage en Bretagne à partir de 1341 était un défaut. Ainsi, le petit-fils de Thibaud, Thibaud, épousa la dame d’Ancenis et leur fille et héritière, Jeanne, morte en 1423, épousa le seigneur de Rieux, maréchal de France, concentrant à eux deux entre leurs mains une bonne vingtaine de forteresses majeures du duché. A un degré moindre, la patrimoine de Geoffroy de Sion passa à sa sœur, Jeanne, épouse en premières noces d’Armel de Châteaugiron, puis de Jean de Rieux, tous deux membres du réseau. Morte sans enfant, la fortune de Jeanne alla à sa sœur cadette, Anne, épouse d’Alain de Saffré (que nous avons déjà rencontré), puis aux Rougé (il est difficile de dire comment) puisque la fille de Jean de Rougé, lorsqu’elle épousa Olivier Tournemine, obtint en dot la terre de Saffré avec Jasson [133]. Les Rougé pouvaient s’en séparer. Ils étaient devenus parmi les plus riches feudataires du duché. Pour revenir à notre Thibaud, vers la fin de sa vie, il semble avoir renoncé à son influence politique [134] et s’être retiré de la vie de cour pour se consacrer à la gestion de ses biens [135]. Il ne devait plus être en faveur, ce qui n’est pas le cas de son fils et héritier, Guillaume de Rochefort, seigneur d’Assérac. Ce dernier fut désigné par le duc Jean III et son épouse, Jeanne de Savoie, fille unique et donc héritière du comte Edouard de Savoie, afin de commander les forces qu’ils finançaient, soit 1 000 hommes pendant trois mois, puis 200 le reste du temps, et qui devaient servir à conquérir, au nom de la duchesse, avec l’aide du dauphin du Viennois, le comté de Savoie [136]. Mais, l’expédition n’eut jamais lieu. Le roi de France [p. 42] intervint et Jeanne de Savoie reçut une compensation financière de 6 000 livres de rente [137].
Thibaud mourut sans doute après 1330, au même moment où son réseau familial était de nouveau en grâce auprès du duc. Un acte de mars 1334 montre son fils, Guillaume, en tant que vicomte de Donges, demandant au roi de France, Philippe VI de Valois, le droit d’émanciper son fils, Thibaud, seigneur d’Assérac, alors âgé de 18 ans [138]. Avant de décéder, notre Thibaud s’occupa des Carmes de Nantes qu’il avait fondés en 1318 [139]. A cette date, il avait mis à la disposition de six carmes et d’un prieur venant de Ploërmel son Hôtel (rue Fenelon) à Nantes, qu’il avait acheté pour eux [140]. Un établissement religieux nantais, les Frères mineurs (les Franciscains), s’opposa pendant longtemps à cette fondation car il considérait que les Carmes étaient alors trop prêts du sien. En 1330, Thibaud trouva un compromis. Il renonça à toutes ses prétentions sur les dîmes que l’évêque Daniel Vigier de Nantes tenait de Guillaume de Ranrouët et de Bonabes de Rochefort, ses probables parents et vassaux, dans les paroisses de Saint-Nazaire et de Saint-André et s’engagea à payer une indemnité à l’évêque, au chapitre de la cathédrale Saint-Vincent, afin de les dédommager de la fondation des Carmes. Cette dernière montre une nouvelle fois les liens particulièrement étroits entre Thibaud et le duc Jean II qui amena et favorisa les Carmes dans son duché.
Pour conclure, force est de remarquer que Thibaud de Derval, seigneur d’Assérac, puis vicomte de Donges, seigneur de Rochefort et de Châteauneuf, obtint de par sa naissance une très grande puissance territoriale et, grâce à un réseau constitué de seigneurs plus ou moins importants dans le sud-est du duché, tous chevaliers, par ailleurs bien établis auprès de la Cour ducale, une grande influence politique. Jean II lui fit si confiance qu’il le nomma son sans doute plus important exécuteur testamentaire. Cependant, le retour de la puissance royale en Bretagne, après le désastre de Courtrai, en 1302, l’obligea, comme d’autres seigneurs à choisir son camp, après la mort du duc Arthur II (mort en 1312) : entre l’autorité royale représentée dans le duché par Yolande de Dreux et l’autorité ducale incarnée par le duc Jean III. [p. 43]
A la différence de certains, comme Alain VI, vicomte de Rohan, il ne choisit pas la neutralité. A la différence de membres de sa propre famille (au sens large), il ne suivit par Jean III. Il préféra appuyer Yolande de Dreux, sans toutefois devenir, comme Henri III d’Avaugour, un conseiller du roi de France, sans toutefois devenir, comme son fils et héritier, Guillaume, vicomte de Donges, un homme d’armes du roi de France lorsque débuta la guerre de Cent ans en 1337 [141].
[1] MORVAN F., « La maison de Penthièvre (1212-1334), rivale des ducs de Bretagne », dans Mémoires de la Société d’Histoire Archéologique de Bretagne, t. LXXXI, 2003, p. 19-54 ; « Les seigneurs de Clisson (XIIIe-XIVe siècles) », dans MSHAB, t. LXXXII, 2004, p. 59-80 ; « Les seigneurs de Fougères du milieu XIIe et du milieu XIVe siècles » dans Bulletin et mémoires de la société d’histoire et d’archéologie du Pays de Fougères, t. XLI, 2003, p. 1-51 ; et avec KERNEVEZ P., « Généalogie des Hervé de Léon (vers 1180-1363) », dans Bulletin de la Société d’Archéologie du Finistère (BSAF), t. CXXXI, 2002, p. 290-312.
[2] MORVAN F., « Alain VI, vicomte de Rohan, ou l’origine de la fortune des Rohan », dans Bulletin et mémoires de la société polymathique du Morbihan (BSPM), t. CXXXIV, 2008, p. 79-122.
[3] GUILLOTEL H. « Les vicomtes de Léon au XIe et XIIe siècles », dans MSHAB, 1971, t. LI, p. 29-51 ; « Des vicomtes d’Aleth aux vicomtes du Poudouvre », dans Annales de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Saint-Malo, 1988, p. 201-215 ; « Les vicomtes de Poher et leur origine », dans BSAF, t. CXIX, 1990, p.396-398 ; « De la vicomté de Rennes à la vicomté de Porhoët (fin du Xe-milieu du XIIe siècle) », dans MSHAB, t. LXXII, 1995, p. 5-23 ; « Les vicomtes de Léon sont-ils les fondateurs de l’abbaye de Saint-Mathieu ? », dans Saint-Mathieu de Fineterre à travers les âges, 1995, p. 131-151.
[4] Voir les travaux de LE MENE J.-M., « Généalogie des sires de Rochefort », dans Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 1879, p. 145 et suivantes. et BOUGRAUD F., « Les seigneurs de Rochefort au XIIIe siècle », dans Bulletin de la Société Archéologique de Nantes, t. 133, 1997, p. 73-83.
[5] Voir en fin d’article la généalogie des Rochefort.
[6] Voir en fin d’article la généalogie des seigneurs de Châteaubriant.
[7] En 1215 fut effectuée une sentence arbitrale décidant que Simon de La Guerche, chevalier, ne prélèvera aucune redevance sur la terre du Demi-Quartier, au-delà de l’étang, mais qu’il jouira durant sa vie de la terre de La Chaise et de la moitié de la terre du Carrois, à Pornic (Arch. départ. des Côtes d’Armor, H 206, abbaye de Saint-Serge d’Angers, prieuré de Chéméré, original).
[8] AMIOT C. Lignages et châteaux en Bretagne avant 1350, 4 tomes, thèse de nouveau régime, Rennes, 1999, t. I, p. 66. Les Rougé, dont le lignage est cité dès le milieu du XIe siècle, possédait, sous la seigneurie de Châteaubriant, les châteaux de Soulvache et du Theil, et sous la mouvance d’Ancenis, le château de La Motte-Glain à La Chapelle-Glain. Voir aussi en fin d’article la généalogie des Rougé.
[9] Le lundi après le dimanche où fut chanté le laetare Jerusalem, à Nantes, en 1234, après le procès qui eut lieu entre Geoffroy, prieur de Donges, et Creisson et Binostru, juifs de Guérande, il est dit que le prieur et les siens devaient rester libres et exempts de toutes dettes envers les Juifs et envers leurs héritiers, cela à perpétuité. Furent témoins Guillaume, seigneur de Derval, chevalier, son frère, Main, chevalier, Bonabes de Rougé, chevalier. L’acte fut scellé (cas rarissime) par Trischant, sénéchal des Juifs ; Jacques de Nantes et Harance de Segré, juif (Archive départementale de Loire-Atlantique (Arch. départ. de Loire-Atlantique), H 133, no 7-8, abbaye de Marmoutiers, prieuré de Donges, original, en hébreu au dos ; Bibliothèque Nationale de France (BnF), ms. français 22322, p. 121, Donges, copie ; Dom MORICE, Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Paris, 1742-1746 (Dom MORICE, pr., t. I, col. 884).
[10] En 1244, Thibaud, seigneur de Rochefort, donna à l’abbaye de La Meilleray, 50 sous de rente sur sa coutume de la cohue de Rochefort. L’acte fut scellé à sa demande par son frère, Guillaume de Derval (Arch. départ. de Loire-Atlantique, H 75, p. 38, abbaye de La Meilleray, copie).
[11] Voir notre article, « Alain VI, vicomte de Rohan, ou l’origine de la fortune des Rohan », op. cit..
[12] Voir nos articles précédents : « Les seigneurs de Fougères du milieu XIIe et du milieu XIVe siècles », op. cit. et « Pierre de Dreux (1213-1250) et Saint-Aubin du Cormier », dans Bulletin et mémoires de la société d’histoire et d’archéologie du Pays de Fougères, t. XLIII, 2005, p. 1-19.
[13] ROUGE O. de, Histoire de la maison généalogique de Rougé, Vendôme, 1908, p. 51. LOBINEAU G.-A., Histoire de Bretagne, t. II, Preuves, Paris, 1707, p. 277.
[14] LANGLOIS C.-V. , Le règne de Philippe III le Hardi, 1270-1285, Genève, 1979 (1er éd. 1886), p. 59-63.
[15] BnF, Nouvelles acquisitions françaises (NAF) 7412, p. 331 ; Le comte de Bretagne amena 60 chevaliers en 14 bannières selon l’extrait du registre de la Chambre de Compte mentionnant « les chevaliers et écuyers et autres qui doivent servir au roi et qui vinrent à l’ost de Foes et l’on fissivent par leurs cedulles les services si comme ils est escrits (BnF, ms. français 32510, fol. 27 ; LA ROQUE DE LA LONTIERE G.A. de, Traité du ban et de l’arrière-ban, de son origine et de ses convocations anciennes et nouvelles, 1er éd., 1676, Rouen, 1735, p. 33). Voir aussi BnF, ms. latin 10932, fol. 19 et BOUTARIC E., Institutions militaires de la France avant les armées permanentes, Paris, 1863, p. 193-195 et Recueil des historiens des Gaules et de la France (RHF), t. XXI, Paris,1855-1904, p. 778.
[16] Anciens évêchés (AE), éd. GESLIN de BOURGOGNE J. et BARTHELEMY, A. de, Saint-Brieuc et Paris, 1855-1879, t. VI, p. 207, no CLXI.
[17] En 1243, Chotard de Vritz, chevalier, attesta que son frère aîné, Olivier de Vritz, chevalier, avait donné, en pur don, à l’abbaye de La Meilleraie, 20 sous de rente sur les péages de Saint-Médard. Il confirma la donation faite par Béatrix, fille et héritière d’Olivier, épouse de Geoffroy de Beaumortier, chevalier, qui avait donné, avec l’accord de son fils, Geoffroy, à l’abbaye de La Meilleraie ce qu’elle avait en porcs pour 1 000 sous, et cela pendant 15 ans. L’acte est scellé d’un sceau portant le dessin représentant un homme à cheval armé, autour duquel est écrit S. Gaufridi Castribrienti, milites (BnF, ms. français 22319, abbaye de La Meilleraie, p. 201, copie).
[18] Dom MORICE, pr., t. I, col. 822.
[19] Ces chevaliers sont Geoffroy de Châteaubriand, Guillaume de Montfort, Hervé de Beaumortier, Geoffroy de Turre, chevalier, Pierre Judicaël, sénéchal de Bretagne, Guillaume, sénéchal de Rennes, Olivier de Cacou et Garin de Casson. L’enquête porta aussi sur le droit de ban sur la Loire (Dom MORICE, pr., t. I, col. 846-847).
[20] Dom MORICE., pr., t. I, col. . 1127-1128.
[21] Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 151, no 6 ; BnF, ms. français 22319, château de Vitré, p. 146-147 ; Cartulaire du Morbihan, éd. L. ROSENZWEIG, Vannes, 1895 (Cart. du Morbihan), op. cit., p. 296, no 367 ; Dom MORICE, pr., t. I, col. 1037-1038.
[22] Arch. départ. de Loire-Atlantique, H 34, abbaye de Buzay, parchemin, 20,5 cm x 27 cm.
[23] Voir notre article « Les seigneurs de Clisson (XIIIe-XIVe siècles) », dans MSHAB, t. LXXXII, 2004, p. 59-80.
[24] Dom MORICE, pr., t. I, col. 1044-1045.
[25] Cart. du Morbihan, op. cit., p. 294-295, no 364.
[26] Voir l’article de BOUGRAUD F., « Malestroit pendant trois siècles, 1129-1429 », dans Bulletin de l’Association Archéologique de Nantes, (BSAN), t. 127, 1991, p. 39-69.
[27] Voir MAUNY M. de, Histoire de Châteaugiron. Contribution à l’histoire de la Bretagne, Lorient, 1989.
[28] Cart. du Morbihan, op. cit., p. 298-299, no 372.
[29] Pour l’étendue de son fief, voir AMIOT. op. cit., p. 82. Voir en fin d’article la généalogie des Ancenis.
[30] En 1209, un compromis, sous le sceau de Geoffroy, seigneur d’Ancenis, bailli de la terre et de la vicomté de Donges, fut passé relatant que Guillaume de Mareuil, en mariant sa fille au fils du prieur de Jorzac, lui avait donné en dot tout ce que son père avait à Savenay, au Matz, à Nigrel, ainsi que le fief de sa mère, la dîme de Mareuil et des droits dans la terre de La Garantonière, et avait reçu, en retour, du prieur de Jorzac, 50 livres, pour se libérer de ses dettes envers les juifs (Arch. départ. de Loire-Atlantique, H 133, no 2, abbaye de Marmoutiers, prieuré de Donges ; BnF, fonds français 22319, p. 235 ; BOUGRAUD F., « Les seigneurs de Rochefort au XIIIe siècle », dans BSAN, t. 133, 1997, p. 79).
[31] Pour l’étendue des biens des Varades, voir AMIOT, op. cit., p. 86.
[32] Pour l’étendue son fief, voir AMIOT, op. cit., p. 87.
[33] BnF, ms. français 22319, abbaye de La Meilleraie, p. 200.
[34] Bibliothèque de l’Arsenal, ms. 3912, fol. 150-187 ; BnF, fonds français 22338, fol 118, copie.
[35] Pour l’étendue de son fief, voir AMIOT, op. cit., p. 85. Il devait posséder trois châteaux : Migron (ancien centre du fief de Frossay), Domnaiche et Sion.
[36] MORVAN F., « Le Livre des Ostz (1294). Un éclairage sur les rapports du duc avec la noblesse bretonne à la fin du XIIIe siècle », dans KERHERVE J., Noblesses de Bretagne du Moyen Age à nos jours, Actes de la journée d’étude tenue à Guingamp le 22 novembre 1997, Rennes, 1999, p. 37-89 ; AMIOT C., op. cit.. Sur ce document exceptionnel, voir aussi les travaux antérieurs d’Arthur de La Borderie, « Les osts du duc de Bretagne », dans Bulletin de la Société d’Archéologie de Nantes et de Loire-Inférieure, t. 6, 1867, p. 187-198 et de M. PASTOUREAU, « L’héraldique bretonne. Des origines à la guerre de succession de Bretagne », dans BSAF, t. CI, 1973, p. 121-147. Voir aussi notre ouvrage intitulé La chevalerie de Bretagne au Moyen-Age. Les hommes d’armes de 1260 à la mort du duc Jean III en 1341 : la formation de l’armée ducale, à paraître au Presses Universitaires de Rennes, 2009.
[37] PAZ A. du, Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, Paris, 1620, p. 166.
[38] Dom MORICE, Pr., t. I , col. 421.
[39] Abbé JOSNIN, « La terre de Sion (Loire-Inférieure) et ses seigneurs (XIe-XIXe siècles) », dans Bulletin de la Société Archéologique de Loire-Inférieure, t. XXIV, 1885, p. 89 qui, hélas ne cite jamais ses sources.
[40] Arch. Départ. du Morbihan, fonds prieuré de La Madeleine de Malestroit, 28 H 1, 35 cm x 19, 4 cm, sans sceau ; BnF, fonds français 22319, p. 117, abbaye de Marmoutier, copie ; Cart. du Morbihan, op. cit., p. 282-285, no 348.
[41] Arch. Départ. de Loire-Atlantique, H 34, abbaye de Buzay, parchemin, 20,5 cm x 27 cm.
[42] Arch. Départ. de Loire-Atlantique, H 133, no 13, abbaye de Marmoutiers, prieuré de Donges, parchemin, l ; BnF, ms. français 22322, p. 121, Donges, sceau : un cavalier armé.
[43] Cart. du Morbihan, op. cit., p. 294-295, no 364
[44] BnF, ms. français 22331, p. 129, Rochefort, anciennement Blancs-Manteaux, no 43.
[45] En 1291, au prieuré de Saint-Florent de Dol, Thibaut de Pouancé, évêque de Dol, représentant l’Eglise et le chapitre de Dol, attesta de l’accord passé avec Guillaume de Rochefort, vicomte de Donges, chevalier, et son fils Thibaud, alors valet, sur l’usage de la pâture des terres dites de Launay, de Parays et les Rayeages, ainsi qu’à propos de la terre de La Bruyère et de La Crevée de Saint-Guinou, qui avait occasionné des procès devant le roi de France. L’accord avait été arbitré par Guillaume, évêque de Rennes (Dom MORICE., pr., t. I, col. 1095, archives de l’Eglise de Dol).
[46] Voir Le Livre des Ostz, folio 8 v.
[47] GULLOTIN de CORSON, A. . « Les grandes seigneuries… Loire-Inférieure », dans BSAN, 1896, t. XXXVI, p. p. 75.
[48] Nivillac, La Roche-Bernard, Missillac, La Chapelle-des-Marais, Saint-Dolay, Herbignac, Férel, Camoel, Crossac, Séverac, Dréfféac, Assérac (Ibid, p. 81 et MAITRE L., L’ancienne baronnie de La Roche-Bernard, Nantes, 1893, p. 41-42).
[49] Nort, Nozay, Quilly, Saint-Mars-la-Jaille, Saint-Julien-de-Vouvantes, Le Pin, Vritz, Soudan, Louisfer, Saint-Vincent-des-Landes, Saint-Aubin-des-Châteaux, Maumusson, Saint-Herblon, Anetz et Rochementru (GULLOTIN de CORSON, op. cit., p. 88), selon des déclarations de 1544, 1679 et 1713.
[50] Savenay, Cordemais, Bouée, Malville.
[51] Voir aussi AMIOT, op. cit., p. 82.
[52] Dom MORICE, pr., t. I, col. 1012-1013.
[53] Cart. du Morbihan, op. cit., p. 285, no 351.
[54] Voir le Livre des Ostz, folio 7 v.
[55] Voir AMIOT, op. cit., t. I, p. 78-79. Pour les origines de ce fief, voir GUILLOTEL H., « Les origines du bourg de Donges. Une étape de la redistribution des pouvoirs ecclésiastiques et laïques », dans Annales de Bretagne, t. 84, 1977, p. 548-560.
[56] GULLOTIN de CORSON, A. . « Les grandes seigneuries… Loire-Inférieure », dans BSAN, 1896, t. XXXVI, p. 288.
[57] GULLOTIN de CORSON, op. cit., p. 285. Voir AMIOT, op. cit., p. 78.
[58] (BLANDIN G., La vicomté de Donges, La Baule, 1980, p. 35). Il avait une forme pentagonale et l’enceinte intérieure était de 25 à 30 ares. On y arrivait par un étroit chemin de pierre après avoir franchi ’la porte’ (nom resté au hameau voisin), cernée de douves comblées au XIXe siècle. (Ibid, op. cit., p. 36). Mais Christophe Amiot n’y croit pas (voir AMIOT, op. cit., p. 79).
[59] Il se trouvait au bord de la Loire, dans la ville même. Il était très ancien parce que Grégoire de Tours raconte qu’il fut occupé au VIe siècle par Waroch, comte de Vannes. Il appartenait encore en 1380 aux vicomtes de Donges. (GULLOTIN de CORSON, op. cit., p. 286).
[60] Saint-Nazaire, Montoir, Escoublac, Questembert, Berric, Saint-Jacut, Saint-Gravet, Saint-André-des-eaux, Lauzach, Molac et Pleucadeuc.
[61] AMIOT, op. cit., p. 79.
[62] GALLET J., La seigneurie bretonne (1450-1680). L’exemple du Vannetais, Paris, 198, p. 87 : Pluherlin, Malensac, Limerzel, Caden, Plaudren.
[63] LA BORDERIE A. de La , Essai de géographie féodale de la Bretagne, Rennes, 1889, p. 113.
[64] TONNERRE N.-Y., Naissance de la Bretagne, Géographie historique et structures sociales de la Bretagne méridionale (Nantais et Vannetais) de la fin du VIIIe siècle à la fin du XIe siècle, Angers, 1994, p. 355.
[65] LE MENE J-M., « Généalogie des sires de Rochefort », dans BSPM, 1879, p.149.
[66] LA BORDERIE, Essai de géographie féodale..., op.cit., p. 113. Sur ces différents châteaux, voir AMIOT, op. cit., p. 104.
[67] En 1285, Guillaume de Rieux, et son épouse, Flandrine, donnèrent à l’abbaye de Blanche-Couronne 100 sous de rente assise sur leurs terres dans la paroisse de Saint-Nazaire et sur leur hébergement du bourg de Saint-André-des-Eaux, situé entre les deux églises (Arch. départ. de Loire-Atlantique, H 2, no 29, abbaye de Blanche-Couronne, parchemin, 34,3 cm x 24,3 cm, original).
[68] AMIOT, op. cit., t. I, p. 54.
[69] Dom MORICE, pr., t. I, col. . 931.
[70] BnF, ms. français 22322, archives de Saint-Malo, p. 433.
[71] BnF, ms. français 22322, Saint-Malo de Dinan, p. 533, copie.
[72] Ibid.
[73] BnF, ms. français 22322, archives de Saint-Malo, p. 433, copie ; BnF, ms. français 22322, Saint-Malo de Dinan, p. 533, copie.
[74] A.E., t. IV, p. 286, no XV, abbaye de Saint-Jacut.
[75] Dom MORICE, pr., t. I, col. 1044.
[76] les sceau et contre-sceau montrent un cavalier entier avec la robe du cheval et armé (BnF, ms. français 22322, p. 173 r., copie ; Dom MORICE, pr., t. I, col. 1060 ; A.E., t. VI, p. 200, no CXLVIII.
[77] Arch. départ. des Côtes d’Armor, H 420, F 21, chap. 6, liasse 5, parchemin, original, 18, 5 cm x 16,5 cm, manque les deux sceaux ; BnF, ms. français 22322, p. 173 r., ; A.E., t. IV, p. 380, no XLV.
[78] Dom MORICE, pr., t. I, col. . 1127-1128.
[79] Arch. départ. de Loire-Atlantique E 22, no 107 ; Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 616, no 1, fonds A. de La Borderie, Arthur II.
[80] Longjumeau est un héritage provenant de Pierre de Dreux, qui fut seigneur de La Fère-en-Tardenois, de Pontarcy, de Braye-Comte-Robert, de Chilly et de Longjumeau.
[81] ADLA, E 216 ; Dom, MORICE, pr., t. I, col. 1201 ; LA BORDERIE, Nouv. rec., op. cit., , XXIII, no 54 et 59 ; M. PLANIOL, Histoire des institutions de la Bretagne, t. III, 1981-1984, p. 282.
[82] En 1306 eut lieu l’inventaire des biens du duc au château de Suscinio. Il fut effectué devant maître Guillaume de Rochefort, trésorier de Saint-Brieuc, l’abbé de Prières, les Gardiens de Nantes et de Vannes, le prieur du Carmes de Ploërmel, Jacques de Saint-Lou, chevalier, Aubin de Baudement, tous exécuteurs testamentaires du duc. Furent aussi présents le seigneur de Rochefort, Thibaud de La Feuillée, chevalier, Geoffroy de Guignen, chevalier, tous de même exécuteurs du testament. Il y fut compter 19 576 livres (D.M., pr., t. I, col. 1203-1204).
[83] Le 14 avril 1307 (nouveau style), les lettres d’Arthur de Bretagne, comte de Richmond où il faisait don à Renaud de Montbourcher, son bachelier et son chambellan, de la moitié de son chambellage et de tous les profits et émoluments pour tant et si longtemps qu’il lui plairait, en considération de ses services furent scellées et donc confirmées par les chevaliers bacheliers, Thibaud de Rochefort et Thibaud de la Feuillée car Renaud de Montbourcher avait la garde des sceaux du duc (Arch. départ. d’Ille-Vilaine, 1 F 616, no 3 fonds A. de La Borderie, Arthur II).
[84] BNF, fonds français 22325, extrait des archives de l’église cathédrale de Rennes, fol. 40, copie.
[85] En 1307, Arthur emprunta donc 16 000 livres aux exécuteurs testamentaires de son père. En furent témoins Thibaut, vicomte de Donges, Thomas de Québriac, Raoul de Coëtquen (Arch. départ. de Loire-Atlantique E 22, no 107 ; Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 616, no 1, fonds A. de La Borderie, Arthur II).
[86] Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine, 1 F 616, no 2, fonds La Borderie.
[87] AnF, JJ 48, fol. 2 v.-4, sans numéro.
[88] AnF, J 241, no 25 ; BnF, fonds français 8268, fol. 28-33, copie ; Dom MORICE, pr., t. I, col. 1237-1241.
[89] Istore et croniques de Flandres, éd. KERVYN de LETTENHOVE, Bruxelles, 1879-1880, t. 1, chap. XIII, p. 264-265, 275-276, 278-279.
[90] En 1313, Philippe IV le Bel manda au bailli de Cotentin de se faire représenter à Saint-Pol de Léon au rendez-vous fixé entre le duc de Bretagne et les chanoines (Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 113, cartulaire, fol. 89, copie). La même année, il manda au bailli de Touraine de révoquer les citations faites à l’instance des moines de Saint-Malo (Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 113, cartulaire, fol. 90 v., copie). Il donna mandement au bailli de Cotentin de ne pas intervenir dans la poursuite des meurtriers des frères de Hindest (Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 113, cartulaire, fol. 46 v., copie).
[91] Le 12 octobre 1314, à Saint-Denis, Philippe IV le Bel, roi de France, donna un mandement à Hugues de La Celle, chevalier, de saisir les terres de Fougères et de Château-Josselin que Yolande de Lusignan avait reçu après la confiscation des biens de Guy, comte de La Marche, pour crime de lèse-majesté (Dom MORICE pr., t. I, col. 1251-1252).
[92] AnF, JJ 50, fol. 90 v-92, no 140.
[93] AnF, JJ 56, fol. 207-207 v, no 478 .
[94] Les exécuteurs testamentaires d’Arthur II furent Jean, évêque de Vannes, Amaury de Craon, Thibaud de Rochefort, Geoffroy et Thomas d’Anast, Aubry de Baudemont, les gardiens des Frères mineurs de Nantes et Vannes (Dom MORICE, pr., t. I, col. 1242 et 1247).
[95] Le 13 avril 1319, à la demande du duc Jean III, le pape Jean XXII émis une Bulle pontificale afin de nommer l’abbé de Saint-Florent de Saumur pour instruire une enquête et pour obliger les exécuteurs testamentaires d’Arthur II, duc de Bretagne, à rendre compte de leur administration (Lettres communes analysées du pape Jean XXII (1316-1334) d’après les registres dits d’Avignon ou du Vatican, par Guillaume MOLLAT, Paris, 1921-1947, t. II, p. 360, no 9236). Jean XXII nomma encore comme enquêteur l’évêque de Dol, le prieur de Noirmoutier et le doyen du Mans le 6 mars 1327 (MOLLAT G., Les papes d’Avignon (1305-1378), Paris, s. d., p.j., p. 44-46).
[96] Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 201, no 2.
[97] Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 20, no 16 ; LA BORDERIE A. de, Nouveau recueil d’actes inédits des ducs et princes de Bretagne (XIIIe-XIVe), Rennes, 1902, doc. XXVI (194), art. 9, p. 167.
[98] Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 20, no 16 ; LA BORDERIE A. de, Nouveau recueil d’actes inédits des ducs et princes de Bretagne (XIIIe-XIVe), Rennes, 1902, p. 172, art. 38
[99] En juin 1312, à Pontoise, sur la prière de Geoffoi, seigneur d’Ancenis, chevalier du roi, et après enquête du sénéchal de Saintonge, fut établit une foire annuelle de la Saint-Martin d’été, qui durera les trois jours suivants, en la ville d’Esnandes, dans la sénéchaussée de Saintonge (AnF., JJ 48, fol. 21 v, no 31, copie)
[100] Ces hommes furent accusés aussi avec Jean et Alain Costard, Alain et Raoul Lison et d’autres complices (Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 196, no 2 ; E 113, cartulaire, fol. 78-79, copie ; Actes du Parlement de Paris, première série : de l’an 1254 à l’an 1328, tome II : 1299-1328, par E. BOUTARIC, Paris, 1867, p. 119, no 4238 et p. 122, no 4267, d’après Criminel, t. I, fol. 38 v. et 40 v.).
[101] AnF., JJ 53, fol. 34, no 75.
[102] Ce don fut confirmé le 16 mars 1316, à Paris, par le nouveau roi de France, Philippe V le Long L’estimation devait être faite par Olivier Arel, Eon de Tréal, Georges Challet (Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 161, no 25, original ; ANF., JJ 53, fol. 36, no 79 ; Dom MORICE, pr., t. I, col. 1269).
[103] BOUTARIC, Actes du Parlement de Paris, op. cit., t. II, p. 207, no 5072, d’après Criminel, t. III, fol. 169 r.
[104] Mandement au bailli de Cotentin du 7 avril 1317 (BOUTARIC, Actes du Parlement de Paris, op. cit., t. II, p. 175, no 4773, d’après Criminel, t. I, fol. 147 v.) ; mandement du 14 mars 1318 au bailli de Touraine (BOUTARIC, Actes du Parlement de Paris, op. cit., t. II, p. 224, no 5245, d’après Criminel, t. III, fol. 169 r.) ; mandement du 3 février 1319 au bailli de Tours (BOUTARIC, Actes du Parlement de Paris, op. cit., t. II, p. 267, no 5655, d’après Criminel, t. III, fol. 171 r.).
[105] Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 183, no 4 ; ROUGE O. de, Histoire de la maison de Rougé, op. cit., p. 59.
[106] AnF., JJ 56, fol. 207-207 v, no 478.
[107] Boutaric, Actes du Parlement de Paris, op. cit., t. II, p.338, no 6223, d’après Greffe, t. I, fol. 73 r.
[108] Boutaric, Actes du Parlement de Paris, op. cit., t. II, p. 382, no 6473, d’après Criminel, t. III, fol. 172 r.
[109] BOUTARIC, Actes du Parlement de Paris, op. cit., t. II, p. 423, no 6678, d’après Greffe, t. I, fol. 91 v.
[110] Arch. départ. de Loire-Atlantique E 201, no 2, original.
[111] BOUTARIC, Actes du Parlement de Paris, op. cit., t. II, p. 421-422, no 6371, d’après Criminel, t. III, fol. 172 v.
[112] En l’an 1322, deux nobles barons de Bretaigne qui avoient de traison appellé devant le roy de France, vindrent à Gisors pour batailler l’un contre l’autre, noblement armés. Et quant ilz furent entrés au champ en la présence du roy Charles, furent retraits dudit champ et empeschez par moulz conseulz et parlemens fais de la pais faire entre eulx deulx par Jehan, duc de Bretaigne, qui illec estroit, et par les amis d’une part et d’autres (R.H.F., t. XXI, 143 j- 144 a d’après extrait d’une chronique anonyme finissant en 1383).
[113] Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 111, no 15, original ; E 113, cartulaire, fol. 77 v., copie ; BnF, ms. français 22338, p. 66, copie ; Dom MORICE, pr., t. I, col. 1326-1327.
[114] AnF., JJ 62, fol. 13, no 21, copie.
[115] Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 17, no 8, original.
[116] Arch. départ. de Loire-Atlantique, E, 111, no 8 ; E 113, cartulaire, fol. 81, copie ; Boutaric, Actes du Parlement de Paris, op. cit., t. II, p. 508, no 7104, d’après Greffe, t. I, fol. 135 r.
[117] Le 24 avril 1324, un accord fut décidé à propos du différend existant entre Geoffroy, seigneur d’Ancenis, chevalier, et Jean Aloete, marchand sur la rivière de la Loire. Le conflit portait sur un chalant chargé de 25 muids de sel, à la mesure de Nantes, qui était audit marchand, sur un autre petit chalant, du nom de Destrier et sur une lettre obligatoire, scellée du sceau de l’archidiacre et de l’official de Nantes, faisant mention de 120 pièces de vin, que devait Jean au seigneur d’Ancenis. Le marchand avait payé au sire d’Ancenis 10 livres tournois. La Cour décida que le seigneur d’Ancenis paierait et rendrait la lettre obligatoire, les 10 livres, les chalans et les 25 muids de sel dans les 15 jours (BOUTARIC, Actes du Parlement de Paris, op. cit., t. II, p. 517, no 7178).
[118] BnF, P.O., 502, Bretagne, no 4, original ; Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 111, no 19. Voir aussi BnF, ms. français 5512, fol. 33.
[119] Le 12 mars 1326 (Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 183, no 8).
[120] BnF, P.O., 2780, Saint-Yon, no 4, copie du XVIIe siècle.
[121] BnF, ms. français 5512, fol. 34.
[122] Le 21 décembre 1329, Philippe VI de Valois, roi de France, manda aux baillis de Tours et de Cotentin, d’ajourner Geoffroy de Sion, chevalier, au prochain Parlement, afin qu’il soit statué sur son appel (Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 112, no 1 ; E 113, cartulaire, fol. 42).
[123] Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 112, no 9-10, original, fragment.
[124] Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 113, cartulaire, fol. 83.
[125] Arch. départ. de Loire-Atlantique, E 112, no 3 ; E 113, cartulaire, fol. 86-87.
[126] Donation ratifiée par le roi de France, à Orléans, en mars 1333 (AnF, JJ 66, fol. 419, no 1000 ; Dom MORICE, pr., t. I, col. 1360-1361)
[127] BnF, fonds français 22325, extrait des archives de l’église cathédrale de Rennes, fol. 40, copie.
[128] Dom MORICE, pr., t. I, col. 1413
[129] BNF, ms. français 22338, p. 112, copie ; Dom MORICE, pr., t. I, col. 1398.
[130] MOLLAT, op. cit., p. 47
[131] BERTHOU P. de, Cartulaire de Notre-Dame de Montonac, Vannes, 1964, p. 117, no LII, en français, selon un vidimus du 1er septembre 1332.
[132] En 1327, Païen IV de Malestroit était le curateur des enfants d’Olivier III de La Chapelle, maréchal de Bretagne en 1318 et transigea avec la veuve Havoise de La Motte, dame de Cranhac. Paien fut aussi l’exécuteur testamentaire de Jean de Derval, son beau-père (BOUGRAUD F., « Malestroit pendant trois siècles, 1129-1429 », dans BSAN, t. 127, 1991, p. 43-44).
[133] Voir AMIOT, op. cit., p. 85.
[134] En 1330, Thibaud, seigneur de Rochefort, vicomte de Donges, et de Guillaume, son fils, seigneur d’Assérac, firent une déclaration portant qu’ils n’entendaient pas déroger à la renonciation au droit de saisine souscrite, en 1274, et qu’ils reniaient les entreprises de leurs officiers (Arch. départ. de Loire-Atlantique, H 133, no 9, abbaye de Marmoutiers, prieuré de Donges, originale, parchemin ; BnF, ms. français 22322, p. 120-121, copie).
[135] Toujours en 1330, lui et son fils aîné, Guillaume, s’accordèrent avec Guillaume de Lamballe, prieur de Notre-Dame de Donges sur l’affaire concernant l’accord entre Guillaume de Rochefort, jadis vicomte de Donges, et frère Raoul de Montfort, jadis prieur (BnF, ms. français 22322, p. 120, Donges, copie).
[136] Dom MORICE, Histoire, op. cit., t. I, p. 241.
[137] CORDEY J., Les comtes de Savoie et les rois de France pendant la guerre de Cent ans (1329-1391), Paris, 1911, p. 5-6.
[138] AnF, JJ 66, fol. 426, no 1025.
[139] Le 6 novembre 1328, à Avignon, à la demande de Thibaud de Rochefort, vicomte de Donges, le pape enjoignit à l’évêque d’Angers de confirmer la fondation instituée à Nantes par Thibaud en faveur des Carmes (MOLLAT, op. cit., p.j. I, p. 65-66, d’après Reg. Vat. 89, epist. com. 308).
[140] D.M., pr., t. I, col. 1345 ; MOLLAT, op. cit., p. 62-63.
[141] En 1337, Guillaume, sire de Rochefort, vicomte de Donges, chevalier banneret, est mentionné, avec 6 chevaliers bacheliers et 38 écuyers, dans la bataille de Jean de France, duc de Normandie, entre Jean de Melun et Edouard, seigneur de Beaujeu, selon extrait du compte de Jean Le Mire, trésorier des guerres (BnF, nouv. acq. françaises 7413, fol. 222, copie). Le 1er janvier 1339, il donna quittance aux trésoriers des guerres du roi de France, de 214 livres et 19 deniers pour ses gages et ceux de ses gens pour son voyage d’Amiens en 1338 (BnF, ms. français 55848, Pièces Originales, 2487, no 2, original ; BnF, Pièces Originale, 2483, de Rieux, no 3, copie ; D.M., pr., t. I, col. 1397).